PARIS (Reuters) - Le porte-parole du gouvernement a appelé mardi à "mettre les choses à leur juste niveau" à la suite de nouvelles révélations dans Libération qui mettent à mal la défense de la ministre du Travail dans l'enquête sur la coûteuse soirée organisée en 2016 autour d'Emmanuel Macron à Las Vegas, sans appel d'offres.
Le parquet de Paris a ouvert en mars une enquête préliminaire pour "délit de favoritisme, complicité et recel" contre Business France, l'établissement public que Muriel Pénicaud a dirigé de janvier 2015 à mai 2017.
Business France avait confié à Havas (PA:HAVA), sans passer par une procédure - obligatoire - d'appel d'offres, l'organisation d'une soirée le 6 janvier 2016 autour du ministre de l'Economie de l'époque à l'occasion du Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas pour un coût supérieur à 380.000 euros, avant renégociation.
La ministre du Travail, qui porte la difficile réforme du Code du travail, est fragilisée par une série d'éléments révélés par Le Canard enchaîné, Libération et Le Journal du Dimanche.
Selon le JDD, la directrice générale de Business France avait été informée dès 2015 des difficultés de financement et risques d'irrégularité liés à la mise sur pied de cette soirée sous la pression, documentée, du cabinet d'Emmanuel Macron.
Muriel Pénicaud a reconnu le 28 juin sur RTL une "erreur de procédure" et assuré avoir "immédiatement déclenché un audit interne et externe" en mars 2016. Elle avait qualifié de "blague" l'idée qu'elle ait pu étouffer cet audit, comme l'avançait Libération.
Le quotidien publie mardi des nouveaux éléments qui montreraient que Muriel Pénicaud n'a informé son conseil d'administration qu'en décembre 2016 avec "une synthèse tronquée qui minore les dysfonctionnements pointés par un audit alarmant du cabinet EY (ex-Ernst & Young)".
Elle aurait passé sous silence les irrégularités et les risques judiciaires afférents, selon Libération.
Christophe Castaner a rappelé sur Europe 1 que Muriel Pénicaud aurait à démissionner de ses fonctions si elle était mise en examen dans ce dossier.
Le porte-parole du gouvernement, qui a pris à plusieurs reprises la défense de la ministre et a invité la presse à ne pas l'affaiblir, a toutefois minimisé l'affaire.
"D'un côté on a la réforme du travail, de l'autre on a un dépassement d'un seuil de marché public. Je pense qu'il faut mettre les choses à leur juste niveau, ce qui compte, c'est de libérer le travail pour libérer les chômeurs de la situation dans laquelle ils sont enfermés", a-t-il plaidé.
"On parle quand même juste d'un dépassement d'un seuil de marchés publics", a-t-il souligné.
"Il faut arrêter de faire du tir aux pigeons et de penser que c'est le sport national. Les Français ont cette mauvaise habitude, redonnons confiance dans la politique et vous verrez que ça s'arrêtera", a ajouté Christophe Castaner.
(Sophie Louet)