PARIS (Reuters) - Le président du Sénat, Gérard Larcher, a déclaré jeudi qu'Emmanuel Macron n'avait aucune intention de fusionner le Conseil économique, social et environnemental et le Sénat, deux instances mentionnées dans sa récente "lettre aux Français".
Un passage du message présidentiel diffusé dimanche dernier pour lancer le "grand débat national" a suscité l'inquiétude de la chambre haute, à l'heure où des manifestants des "'Gilets jaunes" et des partis politiques comme La France insoumise réclament la disparition du Sénat.
"Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil économique, social et environnemental, doivent-elles jouer pour représenter nos territoires et la société civile ? Faut-il les transformer et comment ?", a écrit Emmanuel Macron.
Dans ses voeux à la presse, Gérard Larcher a clarifié l'intention du chef de l’État, qu'il a dit avoir interrogé sur ce sujet.
"Je lui ai posé la question aussi directe : est-ce votre déclaration du Congrès sur 'je crois au bicamérisme' aujourd'hui vous vous en affranchissez ? Il m’a dit 'non. Il n'est pas question de fusion dans ma tête entre le Conseil économique, social et environnemental et le Sénat'", a-t-il déclaré.
Gérard Larcher a ajouté qu'un tel projet tomberait de toute façon sous le coup de l'article 89 de la Constitution qui prévoit que toute révision de la Loi fondamentale doit être approuvée soit par référendum, soit par un feu vert des trois cinquièmes du Parlement réuni en Congrès.
Lors des questions d'actualité au Sénat, le Premier ministre, Edouard Philippe, a rappelé pour sa part son "attachement au bicamérisme" qu'il considère comme un "élément constitutif de notre équilibre démocratique."
"Dire ceci ne doit pas nous exonérer d'une réflexion sur le bon fonctionnement du bicamérisme, sur la bonne désignation de ceux qui siègent dans ces deux instances", a-t-il ajouté.
Le chef du gouvernement a rappelé que le mouvement des "Gilets jaunes" avait occasionné "des questionnements sur la capacité de telle ou telle assemblée à correctement représenter la population française."
"Nous pouvons je crois reconnaître que ces questions sont posables dans une démocratie comme la nôtre", a-t-il estimé.
Le chef de file des sénateurs Les Républicains, Bruno Retailleau, a souligné pour sa part l'importance du Sénat, actuellement majoritairement à droite, qui porte "une voix différente, la voix des territoires".
"Aujourd'hui, la démocratie ce n'est pas seulement le suffrage universel, c'est la séparation des pouvoirs. Et c'est le Sénat qui porte cette séparation des pouvoirs", a dit l'élu de Vendée sur Public Sénat.
"M. Macron ne peut pas dire 'j'ai besoin des maires, j'ai besoin des territoires, je vais vous écouter' et en même temps vouloir plus ou moins rabaisser le Sénat", a-t-il ajouté.
(Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)