PARIS (Reuters) - La liberté de la presse et la liberté d'informer ne sont ni menacées ni réduites en France, a déclaré vendredi Emmanuel Macron, défendant la convocation récente de plusieurs journalistes à la DGSI, une mesure qui a suscité protestations et inquiétudes au sein de la profession.
Quatre journalistes, travaillant notamment pour le site d'investigation Disclose qui a enquêté sur l'utilisation d'armes françaises au Yémen, ont annoncé ces derniers jours avoir été auditionnés, ou être sur le point de l'être, par la Direction générale du renseignement intérieur.
L'audition de trois d'entre eux la semaine dernière a été dénoncée par une vingtaine d'ONG et syndicats de journalistes, par la Fédération européenne des Journalistes (FEJ) et le Centre de protection des journalistes (CPJ), qui y ont vu une atteinte inacceptable à la liberté de la presse.
"Il y a la protection des sources, on la protège et j'y veille", a réagi le chef de l'Etat interrogé à ce sujet dans une interview sur la chaîne Youtube "HugoTravers". "Mais à côté de ça il y a une sécurité nationale qui crée des obligations de réserve, on doit composer les deux".
"Il y a eu une enquête qui a été ouverte sur ce sujet parce que c'est grave, parce que sinon n'importe quel journaliste peut se procurer par une indélicatesse les documents qui relèvent de la sécurité nationale et les mettre sur la place publique et ça vous menace vous et moi parce qu'à la fin des fins, quand c'est classifié en sécurité nationale, c'est qu'il y a une raison", a-t-il souligné.
Quant à l'annonce de la convocation par la justice de la journaliste du Monde Ariane Chemin, à l'origine des révélations de l'affaire Benalla qui a fait trembler l'exécutif, et de celle du président du directoire du quotidien Louis Dreyfus, il s'agit d'un cas différent, a dit Emmanuel Macron
"Ce n'est pas l'Etat qui a porté plainte" mais un sous-officier de l'armée de l’air, membre des forces spéciales, pour révélation de son identité, a indiqué le chef de l'Etat. "Il faut protéger toutes les libertés, la liberté de la presse mais la liberté des individus aussi".
Concernant enfin le cas de violences policières commises contre des journalistes lors des manifestations des "Gilets jaunes" - près de 90 selon Reporters sans frontières (RSF)-, "des enquêtes ont été à chaque fois ouvertes par l'Inspection générale de la police, elles sont transférées aux juges, il y aura un suivi judiciaire en toute indépendance".
"A aucun moment lors de cette crise (des "Gilets jaunes") je ne peux laisser dire que la liberté de la presse aurait été réduite", a dit Emmanuel Macron.
(Marine Pennetier, édité par Sophie Louet)