PARIS (Reuters) - Marine Le Pen a récusé vendredi l'idée d'une vague de défections au Rassemblement national (ex-Front national) après la série de soutiens apportés par des élus du parti d'extrême droite à Nicolas Dupont-Aignan en vue des européennes de mai 2019.
Deux eurodéputés ainsi que 19 conseillers régionaux élus en 2015 sur des listes du FN ont plaidé cette semaine pour un rassemblement sous la bannière du président de Debout la France, avec qui Marine Le Pen avait conclu un pacte dans l'entre-deux-tours de la dernière présidentielle.
En visite au Mondial de l'auto, cette dernière a dit ne pas craindre une hémorragie, "pas plus là qu'hier".
"Ce sont des conseillers régionaux qui en réalité soit avaient déjà quitté notre mouvement, soit avaient été exclus de notre mouvement donc, en fait, ils sont au chômage", a-t-elle ironisé devant la presse. "Ils traversent la rue pour essayer de trouver un nouveau taf (travail-NDLR), en l'occurrence ils sont tombés sur l'échoppe de Nicolas Dupont-Aignan."
L'alliance éphémère nouée en 2017 est jusqu'à présent restée sans lendemain en dépit des appels de la députée du Pas-de-Calais à faire liste commune en 2019.
Le président de Debout la France lui a opposé une fin de non-recevoir et lancé fin septembre sa propre campagne tout en appelant, lui aussi, à une union des droites allant des Républicains de Laurent Wauquiez au parti lepéniste.
En l'absence de candidat pour l'heure au RN, le député souverainiste de l'Essonne, conforté par des sondages lui prêtant plus de 5% des intentions de vote, suscite une adhésion croissante au sein du RN.
Mercredi, les eurodéputés RN Sylvie Goddyn et Philippe Loiseau, ont annoncé dans une lettre ouverte leur soutien à un rassemblement autour d'une liste menée par Nicolas Dupont-Aignan aux prochaines européennes.
"LE PLUS CRÉDIBLE"
"Parce que vous avez eu le courage de vous rallier, sans réserve, à notre candidate Marine Le Pen au second tour des présidentielles, nous considérons que vous êtes le plus crédible et le plus légitime à conduire cette grande liste d'union", ont-ils écrit, en se défendant toutefois de tout ralliement.
"Je crois qu'ils se sont fait un petit peu, peut-être, duper par Nicolas Dupont-Aignan", a réagi vendredi sur Europe 1 le maire RN de Fréjus David Rachline. "On ne quitte pas le navire".
Parallèlement, dans une lettre au contenu similaire, 19 conseillers régionaux ont officialisé leur soutien à Nicolas Dupont-Aignan "comme tête de liste de notre camp rassemblé".
"Alors qu'Emmanuel Macron veut engager notre pays dans la dernière étape de la dépossession des Français et de leur destin, aucune personnalité des deux principaux partis d'opposition, ni LR ni FN, n'a voulu porter la voix du peuple", notent-ils dans cette lettre dont Reuters a pris connaissance.
Elus de sept régions différentes, ils appellent "les leaders qui aiment la France, en particulier Marine Le Pen, à entendre la volonté d'union qui vient de la base et la légitimité des Amoureux de la France (le mouvement lancé par Nicolas Dupont-Aignan pour les européennes-NDLR) à l'incarner".
En mai déjà, l'eurodéputé Bernard Monot, ex-stratège économique de Marine Le Pen, avait annoncé son départ du RN pour DLF.
La formation de Nicolas Dupont-Aignan est créditée de 6,5% des intentions de vote, devant le Parti socialiste (6%) mais largement derrière le RN qui talonne La République en marche avec 17% d'intentions de vote, selon un sondage Ifop-Fiducial pour Paris Match, Sud Radio et CNews publié le mois dernier.
(Caroline Pailliez, Julie Carriat et Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)