PARIS (Reuters) - Quelque 2.000 bénévoles compteront les personnes à la rue à Paris jeudi lors de la deuxième édition de la Nuit de la Solidarité, conçue par la mairie comme une "photographie" utile, notamment pour aiguillonner l'action de l'Etat.
Le 15 février dernier, 3.035 personnes dont 12% de femmes ont été dénombrées lors de la première Nuit, inspirée des opérations de décompte dans les grandes villes américaines, qui justifient chaque année du nombre de SDF pour bénéficier de financements publics spécifiques.
Rien de tel en France, où la prérogative d'hébergement d'urgence est assumée par l'Etat et les départements (pour les mineurs et femmes enceintes), mais ce comptage représente néanmoins un levier politique à l'heure où nombre des sans-abris de Paris sont des migrants.
Les évacuations des campements du nord de Paris se sont multipliées depuis la mi-janvier, réduisant leur population à environ 500, selon Dominique Versini, adjointe à la Maire de Paris chargée des questions de solidarité.
"On voit que la Nuit de la solidarité a des effets positifs", a-t-elle déclaré mardi lors d'une conférence de presse.
Quelque 1.262 personnes, dont 1.174 hommes isolés et 88 personnes vulnérables ont été "mises à l'abri" dans des structures temporaires lors de six opérations dans le nord de Paris les 22, 24, 25, 29, et 31 janvier et mardi dernier, a précisé la préfecture d'Île-de-France.
"Au sein de ces structures temporaires, les migrants bénéficient d'un accompagnement sanitaire, social et administratif", ajoute la préfecture. Lors de la plus importante opération, 300 migrants originaires de la Corne de l'Afrique et d'Afghanistan ont été évacués d'un campement sauvage porte de la Chapelle.
Jeudi soir, à partir de 22h00, des bénévoles, personnels de mairie et employés RATP parcourront les rues, stations de métro, parkings, gares, parcs et jardins, les talus du boulevard périphérique pour compter les personnes sans solution d'hébergement mais aussi améliorer la connaissance de leur parcours par le biais d'un questionnaire (date d'arrivée dans la rue, prise en charge...).
"Pour des raisons politiques d'ambiance générale, aucune question sur la nationalité ou le pays d'origine" ne sera posée, a précisé Dominique Versini. "Notre politique, c'est que les sans-abris sont tous les mêmes."
Les premiers résultats sont attendus le 14 février.
Depuis l'hiver dernier, le nombre de places d'hébergement d'urgence à Paris est passé de 21.500 à 23.000, dont 7.000 dans des locaux municipaux. Au niveau national, l'Etat a mobilisé cinq milliards d'euros supplémentaires pour les maraudes et ouvert 150.000 places d'hébergement d'urgence au total, soit 7.300 de places de plus qu'à l'hiver 2018.
(Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)