PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron fustige les "fainéants" de la politique dans une attaque en règle contre les députés socialistes "frondeurs" qui ont obligé le gouvernement à passer en force pour faire adopter son projet de loi sur la croissance et l'activité.
Le ministre de l'Economie revient longuement dans des déclarations publiées jeudi dans Le Monde sur l'attitude de ces députés qui refusaient notamment d'étendre le travail dominical à l'issue pourtant de dizaines d'heures de travail en commission et en séance pour tenter de trouver un compromis.
"Je pense qu'il y a une politique de fainéants et il y a la politique des artisans", dit-il. "Moi, je fais la politique avec les artisans et les artisans, au sens fort du terme, ce sont ceux qui ont passé des jours et des nuits à travailler un texte au fond, qui savent ce qu'il y a dedans, qui peuvent en être fiers. Et il y a la politique des fainéants, qui consiste à regarder la surface de l'eau. On meurt de cela."
L'ancien conseiller de François Hollande, qui n'a pas été accueilli à bras ouverts au PS en raison notamment de son ancien métier de banquier, affirme que jusqu'au bout il a pensé pouvoir faire voter son texte sans recourir à l'article 49-3 de la Constitution, qui permet une adoption sans vote.
Mais il dément les propos des frondeurs et des partisans de la maire de Lille Martine Aubry, selon lesquels réduire le nombre de dimanches qui pourront être travaillés aurait permis un vote consensuel au Parti socialiste.
"Ma conviction, c'est que les compromis finaux n'auraient rien changé", dit-il au Monde en s'en prenant aux "jeux d'appareil" qui ont "pris en otage" la loi quelques mois avant le congrès du Parti socialiste de juin.
Selon lui, les responsabilités vont au-delà des frondeurs.
Le Premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, avait, sur la question du travail du dimanche, pris ses distances avec le texte du gouvernement.
"Sur cette position initiale du parti s'est greffé un foyer infectieux qui ne s'est pas éteint", déclare Emmanuel Macron qui se dit "saisi de voir à quel point certains députés étaient dans un débat théorique et à quel point ils perdaient le réel" et regrette que le parti n'ait pas "joué son rôle de régulateur".
Emmanuel Macron s'en prend particulièrement à l'ancien ministre de l'Education nationale Benoît Hamon, dont les critiques contre le texte, infondées selon le ministre de l'Economie, laissent à penser "que l'on a perdu de vue la réalité des choses ou qu'on a perdu de la culture politique".
"Il avait simplement besoin d'un prétexte pour installer son vote contre. Tout le reste n'est que littérature."
(Yves Clarisse, édité par Sophie Louet)