NICE (Reuters) - Le candidat socialiste à l'élection présidentielle, Benoît Hamon, a ciblé le Front National mercredi lors d'un meeting à Nice, dans une région Provence Alpes-Côte-d'Azur où la gauche n'a pas atteint le second tour aux dernières régionales.
"Si vous leur donnez le pouvoir par la démocratie, êtes-vous assurés qu'ils vous le rendront si vous arrêtez de voter pour eux ?", s'est-il interrogé devant 800 personnes dont la ministre de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem, venue le soutenir à la tribune avec un discours également musclé contre le parti frontiste.
"Dans le monde, quand l'extrême droite a pris le pouvoir même démocratiquement, elle ne l'a pas rendu démocratiquement" a fait remarquer le candidat.
Pour Benoît Hamon, Marine Le Pen, en tête des intentions de vote au premier tour dans la plupart des sondages, "a passé beaucoup de temps à force d'experts en communication pour remodeler l'image de son parti".
Mais derrière elle, "il y a une armée de femmes et d'hommes dont on a libéré la parole raciste", a-t-il dit.
L'ancien ministre a présenté l'élection présidentielle comme un "enjeu majeur pour la République" qui va "déterminer pour longtemps le visage du pays que nous allons offrir à nos enfants".
"Et ce monde peut être sinistré, dangereux, désordonné violent et inégalitaire, par le seul désir du peuple s'il venait à choisir Marine Le Pen", a-t-il lancé.
Ses attaques contre le FN ont visé indirectement sa propre famille politique marquée par des divisions internes et la tentation d'un ralliement à Emmanuel Macron.
"Quand on est face à un parti antidémocratique comme le FN, on est attentifs à respecter le symbole de la démocratie", a prévenu le vainqueur de la primaire socialiste. "Attention à ne pas commencer par remettre en cause le verdict d'un vote démocratique."
"Je reste totalement attaché à rassembler toute ma famille politique. Je me réjouis que ce soir le Parti radical de gauche ait accordé son soutien et j'espère dans quelques jours d'autres formations politiques le feront", s'est-il félicité.
Soutenu par le PRG, Benoît Hamon a en revanche été lâché par l'ancien Premier ministre et finaliste malheureux de la primaire, Manuel Valls, qui lui a refusé son parrainage.
Après s'être rendu plus tôt dans la journée sur la Promenade des Anglais en hommage aux 86 personnes tuées lors de l'attentat du 14-Juillet dernier, Benoît Hamon a assuré "vouloir être implacable face au terrorisme, au fanatisme et à tous ceux qui veulent remettre en cause la loi de la République au nom de leur dogme".
A ses yeux, il faut faire face à des "défaillances de la République" mais sans entrer "dans le commerce de celle et ceux qui prennent prétexte de cette guerre pour mettre en cause une religion et une seule".
(Matthias Galante, édité par Elizabeth Pineau)