PARIS (Reuters) - La participation aux élections européennes en France était en nette hausse dimanche, avec un regain de huit points par rapport à 2014, une mobilisation surprise qui laisse les scénarios ouverts pour ce premier rendez-vous électoral au suffrage universel direct depuis l'élection d'Emmanuel Macron en 2017.
Contrairement aux estimations des instituts de sondage, qui prédisaient une abstention équivalente aux européennes de 2014, soit plus de 57%, l'abstention finale serait en deçà de 50%.
Selon une projection d'Harris Interactive x Agence Epoka pour TF1 (PA:TFFP), LCI et RTL (DE:RRTL), le taux de participation final serait de 52,2% à 20h00 (47,8% d'abstention). Pour Elabe (BFM TV et RMC), la participation serait de 52% (42% d'abstention).
La participation finale s'était établie à 42,43% en 2014, date à laquelle le Front national (devenu Rassemblement national) s'était placé pour la première fois en tête d'une élection nationale (24,86%, 24 élus) devant l'UMP (aujourd'hui Les Républicains) qui avait recueilli 20,81% (20 élus) et le Parti socialiste au pouvoir associé au PRG (13,98%, 13 élus).
Ce scrutin est lourd d'enjeux pour les partis français, qui attendent de compter leurs forces après la recomposition politique de 2017 et avant les prochains combats électoraux nationaux.
Dépeignant un affrontement entre "progressistes" et "nationalistes", Emmanuel Macron s'est activement impliqué dans la campagne au risque de convertir l'élection en un référendum sur sa personne et sa politique, alors que la crise des "Gilets jaunes" perdure.
Le chef de l'Etat a voté à la mi-journée au Touquet (Pas-de-Calais), où il possède une résidence secondaire.
La France élit 74 eurodéputés - 79 si le Royaume-Uni quitte l'UE - sur un total de 751 sièges au sein du Parlement européen représentant les 28 pays de l'UE.
UN DUEL LAREM-RN
Les députés européens sont élus pour cinq ans au scrutin proportionnel à un tour. Seules les listes obtenant au moins 5% des suffrages auront accès à la répartition des sièges, attribués selon la règle de la plus forte moyenne.
Les quelque 47 millions d'électeurs inscrits sont appelés à départager 34 listes - un record -, au premier rang desquelles celles du Rassemblement national (RN) et de La République en marche (LaRem), engagées dans un duel sans merci mis en scène par Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
Les enquêtes d'opinion, à peu près constantes depuis plusieurs mois, prédisent un coude-à-coude entre la majorité présidentielle et l'extrême droite - comme une réédition du second tour de l'élection présidentielle de 2017.
La liste de LaRem est emmenée par l'ancienne ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau, celle du RN par un jeune élu frontiste, Jordan Bardella, 23 ans.
Au terme d'une campagne atone, la liste RN était créditée de 24,5% des intentions de vote et celle de la majorité présidentielle de 23% dans un sondage Ipsos-Sopra Steria pour France Télévisions et Radio France diffusé vendredi.
Avec 13%, Les Républicains (LR) sont relégués en troisième position à dix points. Tous les autres partis sont sous la barre des 10% - Europe Ecologie-Les Verts (9%), La France insoumise (7,5%) et l'attelage inédit Place Publique-Parti socialiste (5,5%), dans lequel le PS joue sa survie.
La liste "Printemps européen", emmenée par l'ex-candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon, a dénoncé dans un communiqué de "graves irrégularités" qui "altèrent la sincérité du scrutin". Elle précise que ses bulletins de vote étaient absents de bureaux de vote dans plusieurs départements, "alors qu'ils ont été livrés dans les bonnes quantités à toutes les préfectures".
Les premières estimations des résultats pour la France étaient attendues à partir de 20h00.
(Sophie Louet avec Elizabeth Pineau et Simon Carraud)