par Eric Auchard et Douglas Busvine
MUNICH (Reuters) - Des dirigeants de Facebook (NASDAQ:FB) vont mener campagne cette semaine en Europe pour défendre le réseau social face aux accusations de laxisme qui lui sont adressées en matière de lutte contre les discours de haine et la diffusion de fausses informations.
Elliot Schrage, directeur de la communication et des relations publiques de Facebook, a profité dimanche d'une conférence annuelle à Munich sur le secteur technologique pour présenter des excuses pour le manque d'efforts accomplis dans le passé par le réseau social, qui compte plus de deux milliards d'utilisateurs mensuels dans le monde.
"Nous devons apporter la preuve que nous pouvons rapprocher les gens et bâtir des communautés plus fortes", a-t-il dit à cette conférence, baptisée DLD Munich.
"Nous avons sur-investi dans la création de nouvelles expériences et sous-investi dans la lutte contre les abus", a-t-il ajouté.
Aux Etats-Unis, des parlementaires accusent Facebook d'avoir laissé des Russes utiliser ses services pour perturber l'élection présidentielle américaine de 2016. En Grande-Bretagne, le Parlement a décidé de se pencher à nouveau sur une éventuelle manipulation du même type lors du vote en faveur de la sortie de l'Union européenne.
En France, le président Emmanuel Macron a annoncé début janvier un futur projet de loi visant à endiguer la propagation de fausses informations, en particulier en période électorale et sur internet.
FACEBOOK PRÉFÈRE L'APPROCHE DE L'UE
Dans l'immédiat, c'est surtout l'Allemagne qui suscite l'inquiétude de Facebook. Une loi y est entrée en vigueur début janvier. Elle menace les plates-formes comme Facebook, Google (NASDAQ:GOOGL) et Twitter (NYSE:TWTR) de lourdes amendes si elles ne retirent pas les discours d'incitation à la haine de leurs contenus.
"(Cette loi) énonce la bonne idée pour ce que doit être la relation entre les pouvoirs publics et le secteur privé mais elle va aussi plus loin que (...) ce que nous pensons être approprié", a dit Elliot Schrage.
"Dans le même temps, cette loi nous donne la responsabilité d'être le juge et l'exécuteur qui détermine ce qui est légalement conforme ou pas. Je pense que c'est une mauvaise idée", a-t-il poursuivi.
"Le défi consiste à définir où se situe ou non l'infraction."
Elliot Schrage a en revanche salué l'approche de l'Union européenne, qui demande aux plates-formes internet de respecter un code de conduite et de réagir rapidement aux demandes de suppression de contenus, sans exiger de leur part qu'elles prennent ces initiatives d'elles-mêmes.
"C'est un exemple de la manière dont nous pouvons travailler avec les pouvoirs publics pour être plus réactifs face à leurs inquiétudes", a-t-il dit.
Il a assuré que Facebook employait désormais des milliers de personnes pour surveiller les contenus et coopérer plus étroitement avec les autorités et que des algorithmes détectaient et supprimaient 99% des contenus promus par l'organisation Etat islamique ou Al Qaïda avant même que le moindre utilisateur ait pu les voir.
Tous les participants à la conférence de Munich n'ont pas été convaincus.
Pour Paul-Bernhard Kallen, président du directoire de Hubert Burda Media, l'un des plus grands éditeurs d'Allemagne, Facebook s'est jusqu'à présent soustrait à sa responsabilité de modérer les contenus qu'il diffuse.
"De mon point de vue, Facebook est une entreprise du secteur des médias. D'une façon ou d'une autre, Facebook doit l'accepter", a-t-il dit en allusion aux exigences réglementaires qui en découlent.
Pendant qu'Elliot Schrage est en déplacement en Allemagne, Sheryl Sandberg, la numéro deux de Facebook, rencontrera des responsables français à Paris et européens à Bruxelles. Tous deux se rendront ensuite à Davos pour le Forum économique mondial.
(Bertrand Boucey pour le service français)