PARIS (Reuters) - Plus de 1.600 migrants ont été évacués jeudi matin de deux campements, dans le nord-est de Paris et en Seine-Saint-Denis, lors d'une opération d'ampleur des forces de l'ordre qui fait suite aux annonces du gouvernement sur la politique migratoire.
Les 1.606 clandestins, en majorité des hommes, vivaient sous des tentes ou des abris de fortune près du périphérique. Les camps évacués étaient situés porte de la Chapelle, à Paris, et avenue du président Wilson à Saint-Denis, a précisé le préfet de police Didier Lallement.
Les migrants ont été conduits par bus dans 16 centres d'accueil en Ile-de-France, a précisé à la presse le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, lors d'une visite jeudi après-midi au Centre d'accueil et d'examen des situations, dans le XVIIIe arrondissement de Paris.
Il s'agit "principalement de migrants originaires de l'Afrique subsaharienne, mais également provenant du Moyen-Orient", selon le préfet.
Le ministre de l'Intérieur et le préfet ont déclaré que les pouvoirs publics, qui avaient programmé cette évacuation "il y a plusieurs semaines", veilleraient à "empêcher toute réinstallation" sur ces sites.
"Il n'est pas possible que l'espace public se remplisse progressivement de tentes et d'hébergements provisoires", a dit Didier Lallement jeudi matin à la presse.
La police procédera dorénavant à des patrouilles et au contrôle "des personnes qui tenteraient de s'installer", a-t-il ajouté.
Christophe Castaner a défendu une opération de "mise à l'abri de personnes en situation de détresse".
"Sur Paris, nous avions un point de tension particulièrement important qui se développait malgré des mises à l'abri hebdomadaires", a-t-il expliqué sur franceinfo, précisant qu'un troisième site, porte d'Aubervilliers, était concerné.
"COLLINE DU CRACK"
"Nous traiterons aussi du sujet de la 'colline du crack' d'ici Noël où là il nous faut des places d'hébergement sanitaire", a-t-il ajouté.
Ce bidonville de toxicomanes, situé également porte de la Chapelle, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, suscite les inquiétudes des riverains.
S'agissant de la porte d'Aubervilliers, où sont rassemblées plus de 2.000 personnes selon les associations, "une partie des personnes ont été prises en charge" jeudi, a précisé dans l'après-midi Christophe Castaner.
Didier Lallement précise dans l'arrêté préfectoral d'évacuation que des solutions d'hébergement seront proposées aux personnes évacuées par la préfecture de la région Ile-de-France et la préfecture de Paris, "ainsi qu'un accompagnement de ceux qui souhaiteront entamer une procédure de demande d'asile ou l'auront fait en lien avec les associations".
La maire de Paris Anne Hidalgo et le préfet de région Michel Cadot étaient présents lors de l'évacuation.
La situation des exilés qui dorment dans la rue à Paris et sa périphérie oppose de longue date la mairie de Paris au gouvernement, Anne Hidalgo accusant l'Etat de "laisser prospérer l'indignité et le chaos" par son inaction.
"C'était la 59e opération de mise à l'abri et notre crainte, c'est une reconstitution de campements", a réagi sur BFM TV le premier adjoint à la maire de Paris, Emmanuel Grégoire.
"S'ils ne sont pas hébergés de façon pérenne, ils iront s'installer ailleurs", a-t-il poursuivi, soulignant que parmi les personnes évacuées, "il n'y pas que des illégaux et des clandestins, il y a des titulaires du droit d'asile".
Christophe Castaner a assuré mercredi que 16.000 places d'hébergement supplémentaires seraient ouvertes en France en 2020.
(Sophie Louet avec Jean Terzian et Simon Carraud, édité par Bertrand Boucey)