PARIS (Reuters) - Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a assuré mercredi que la "doctrine française" sur le sort des djihadistes français n'avait pas changé et a exclu tout rapatriement pour les combattants qui se trouveraient détenus dans un Etat doté d'"une institution judiciaire qui fonctionne".
Opposée de longue date à leur retour sur le sol français, la France n'a pas exclu ces dernières semaines leur rapatriement avec l'annonce d'un retrait des troupes américaines de Syrie qui fait craindre une dispersion et une fuite d'un millier de combattants, notamment vers l'Europe.
Afin d'éviter que ces djihadistes ne se retrouvent "dans la nature", la ministre de la Justice Nicole Belloubet a notamment exprimé sa "préférence" pour leur rapatriement et assuré qu'une fois sur le territoire français ils seraient immédiatement jugés et poursuivis.
Le Premier ministre Edouard Philippe s'est quant à lui dit favorable à ce que les djihadistes français susceptibles d'être relâchés par les forces kurdes dans le nord-est de la Syrie soient rapatriés et jugés en France plutôt qu'ils "soient dispersés, qu'ils repartent en liberté pour continuer leurs activités".
Mais lors d'un débat avec des élus de la région Grand Est à l'Elysée, Emmanuel Macron a assuré que la France n'avait pas de programme de retour prévu pour les ressortissants français partis rejoindre les rangs de l'Etat islamique (EI).
Pour Benjamin Griveaux, "la position française sur le sujet n'a jamais évolué ces dernières semaines".
"Les ressortissants français qui auraient commis des actes criminels dans le cadre des opérations qui sont intervenues en Irak et en Syrie ces dernières années relèvent des autorités judiciaires des pays où ces actes ont été commis dans l'hypothèse où ces autorités judiciaires sont en capacité d'exercer", a-t-il dit lors du compte rendu du conseil des ministres.
"C'est notamment le cas en Irak et donc il n'y aura pas de retour. Ceux qui ont été arrêtés pour des crimes qui auraient été commis sur le territoire irakien seront jugés là-bas et bénéficient de la protection consulaire", a-t-il ajouté. "Mais il n'y a pas eu du tout la moindre évolution sur la doctrine française sur ce sujet".
Selon des sources françaises, quelque 150 ressortissants français, dont une cinquantaine d'adultes, seraient détenus ou retenus dans le nord-est de la Syrie par les FDS, une alliance arabo-kurde alliée de la coalition internationale engagée contre l'EI.
A trois mois des élections européennes, la question de leur sort s'est invitée dans le débat en France. Le président des Républicains (LR) Laurent Wauquiez, la présidente du Rassemblement national (ex-FN) Marine le Pen et le président de Debout la France (DLF) Nicolas Dupont-Aignan ont notamment appelé à plusieurs reprises l'exécutif à ne pas les rapatrier.
(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)