PARIS (Reuters) - Le tribunal correctionnel de Paris a décidé lundi de suspendre jusqu'à jeudi le procès de l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, jugé pour corruption et trafic d'influence.
L'avocat de l'ancien magistrat Gilbert Azibert, qui figure parmi les prévenus tout comme l'avocat Thierry Herzog, avait demandé le renvoi du procès en raison de l'état de santé de son client.
Le tribunal a ordonné une expertise médicale dont les conclusions seront rendues jeudi avant 09h00. L'audience a donc été suspendue jusqu'à jeudi 13h30; le tribunal statuera alors sur un éventuel renvoi du procès.
Nicolas Sarkozy, président de la République de 2007 à 2012 qui a conservé une forte influence au sein de la droite française, nie toute malversation.
La justice l'accuse d'avoir promis un poste à Monaco à Gilbert Azibert en échange d'informations confidentielles au sujet de l'enquête sur des soupçons de versements illégaux qu'il aurait reçus de la milliardaire Liliane Bettencourt, héritière de L'Oréal, (PA:OREP) pour le financement de sa campagne électorale de 2007.
Dans le cadre de l'enquête sur un éventuel financement libyen de cette campagne , les juges ont décidé en 2013 de placer sur écoute l'ancien chef de l'Etat et son avocat Thierry Herzog. Ils ont alors découvert que les deux hommes communiquaient à l'aide de téléphones portables enregistrés sous de faux noms, en l'occurrence celui de "Paul Bismuth" pour l'ancien chef de l'Etat.
Selon les enquêteurs, les écoutes téléphoniques ont révélé que Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog avaient à plusieurs reprises évoqué des contacts avec Gilbert Azibert, magistrat à la Cour de cassation qui avait à ce titre accès à des informations sur l'enquête concernant Ingrid Bettencourt.
D'après eux, Nicolas Sarkozy a proposé à Gilbert Azibert de l'aider à obtenir un poste à Monaco en échanges d'informations confidentielles.
"M. Azibert n'a jamais eu un poste à Monaco", a déclaré Nicolas Sarkozy dans un entretien à BFM TV plus tôt ce mois-ci.
Thierry Herzog et Gilbert Azibert sont jugés au côté de Nicolas Sarkozy pour corruption et trafic d'influence ainsi que pour violation du secret de l'instruction. Ils sont tous trois passible de dix ans d'emprisonnement.
En mars prochain, Nicolas Sarkozy devra répondre d'accusations de financement illégal de sa campagne électorale de 2012 dans le cadre de l'affaire dite "Bygmalion".
(Richard Lough et Tangui Salaün, édité par Jean-Philippe Lefief)