PARIS (Reuters) - La ministre française de la Justice a déclaré jeudi n'avoir reçu aucune demande officielle d'extradition de la part du gouvernement italien, qui réclame pourtant le retour de militants d'extrême gauche réfugiés en France.
Cette question a ressurgi le mois dernier après la capture en Bolivie puis l'extradition de Cesare Battisti, symbole du militantisme des "années de plomb" italiennes, qui a longtemps vécu en France, hors de portée de la justice transalpine.
Dans la foulée, le ministre italien de l'Intérieur et dirigeant d'extrême droite Matteo Salvini a demandé à la France de lui livrer d'autres ex-activistes.
"Nous n'avons officiellement reçu aucune demande de la part du gouvernement italien", a dit la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, sur Radio Classique.
Elle a réaffirmé à cette occasion la position française, consistant a traiter les dossiers individuellement.
"Si cette demande intervient, nous étudierons au cas par cas les dossiers dont il sera question parce qu'il faut savoir où sont les personnes dont il parle et puis nous prendrons des décisions", a-t-elle souligné.
De nombreux activistes de l'extrême gauche italienne ayant rompu avec leur engagement ont trouvé refuge en France à la faveur de la "doctrine Mitterrand", définie dans les années 1980 par le président français de l'époque.
Dans les années 2000, le gouvernement français a engagé un dialogue avec les autorités italiennes sur le sujet.
C'est dans ce cadre que nombre de demandes d'extradition présentées par l'Italie concernant notamment d'ex-membres des Brigades rouges ont été réexaminées, notamment les situations concernant les faits les plus graves.
La situation de Cesare Battisti avait ainsi été identifiée comme devant faire l'objet d'un traitement prioritaire, ce qui avait conduit à l'adoption d'un décret d'extradition en 2004.
Cet ex-membre des Prolétaires armés pour le communisme (Pac), avait alors pris le chemin du Brésil, puis de la Bolivie, avant son retour médiatisé dans son pays d'origine, où il doit purger une peine de perpétuité à laquelle il a été condamné pour quatre meurtres commis dans les années 1970.
(Simon Carraud avec Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)