LONDRES (Reuters) - Un juge fédéral américain a estimé que BP avait fait preuve de "négligence grossière" dans le dossier de la marée noire survenue dans le Golfe du Mexique en 2010, jugement qui risque de se traduire par des milliards de dollars d'indemnités s'ajoutant à un coût de plus de 42 milliards de dollars pour la plus grave catastrophe écologique maritime aux Etats-Unis.
BP a fait savoir qu'il ferait immédiatement appel du jugement.
"La loi est claire: prouver la négligence grossière repose sur des conditions très strictes qui n'ont pas été réunies dans ce dossier. BP pense qu'un examen impartial du dossier ne peut soutenir la conclusion erronée à laquelle le tribunal est parvenu", explique le groupe pétrolier.
L'action a perdu près de 6% en Bourse de Londres, sa perte la plus forte depuis juin 2010 qui ampute de 8,7 milliards de dollars la capitalisation boursière du groupe.
La Cour a conclu que la fuite de pétrole fut le résultat d'une négligence grossière ou d'une malveillance délibérée de BP, lit-on dans les attendus du juge Carl Barbier.
BP a été obligé de vendre des actifs pour payer l'ardoise de la catastrophe survenue sur la plate-forme de forage Deepwater Horizon, qui avait coûté la vie à 11 personnes.
"C'est un souci de court terme; à long terme BP génère du cash et je suis sûr qu'il a les ressources pour payer", a tempéré Manoj Ladwa (TJM Partners).
Barbier doit fixer les indemnisations dans le cadre du Clean Water Act, mais de précédents calculs de Reuters ont montré que l'amende pourrait aller jusqu'à 17,6 milliards de dollars.
Un verdict de négligence grossière comporte en puissance une amande de 4.300 dollars par baril; BP a dit que la fuite représentait 3,26 millions de barils, tandis que le gouvernement américain l'évalue à 4,9 millions de barils.
Le juge a estimé que 67% de la faute revenait à BP, 30% à Transocean, le propriétaire du navire de forage, et 3% à Halliburton, qui avait réalisé les travaux de scellement du puits Macondo qui avait explosé.
(Sudip Kar-Gupta et Karolin Schaps, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)