Les temps restent durs pour les producteurs d'électricité japonais trois ans après l'accident de Fukushima: une ville du nord vient de porter plainte contre la construction d'une centrale nucléaire et deux compagnies pourraient demander l'aide financière de l'Etat.
La cité de Hakodate (préfecture de Hokkaido, nord) a annoncé jeudi avoir déposé un recours judiciaire contre J-Power, un opérateur de centrales nucléaires qui construit un nouveau réacteur à 23 kilomètres de là.
"Si un accident grave se produisait à la centrale en construction d'Oma, les fonctions locales de la ville de Hakodate seraient anéanties et la cité ruinée", explique les autorités locales.
La construction avait débuté il y six ans avec l'ambition d'une mise en exploitation cette année, mais la catastrophe de Fukushima a retardé les plans.
Le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, a défendu la cause de du producteur d'électricité J-Power, en promettant "d'expliquer que le site est sûr, afin de gagner la compréhension de la population".
- L’État appelé à la rescousse -
Par ailleurs, deux compagnies régionales d'électricité, Kyushu Electric Power (sud-ouest) et Hokkaido Electric Power (nord), seraient de leur côté sur le point de demander à l'Etat de les renflouer via le rachat indirect d'une partie de leur capital, afin de soulager leurs finances éprouvées par l'arrêt de leurs réacteurs, a affirmé cette semaine la presse nippone.
L'accident de mars 2011 à la centrale Fukushima Daiichi (nord-est) a non seulement augmenté l'inquiétude et la méfiance de la population mais aussi entraîné l'arrêt des installations.
Les 48 réacteurs restants du pays sont arrêtés par mesure de sûreté, ce qui pèse fortement sur les finances d'une dizaine de compagnies régionales obligées d'importer nettement plus d'hydrocarbures pour faire tourner davantage leurs centrales thermiques.
Les deux compagnies aux abois seraient chacune en négociation avec la Banque de développement du Japon, une institution financière publique, pour qu'elle leur achète des actions préférentielles: 100 milliards de yens (700 millions d'euros) pour Kyushu Electric et 50 milliards de yens (350 millions d'euros) pour Hokkaido Electric, ont rapporté des médias dont le quotidien économique Nikkei.
Kyushu Electric a confirmé à l'AFP que des discussions étaient en cours avec la banque mais ajouté que rien n'avait été décidé, tandis que Hokkaido Electric a reconnu envisager "diverses possibilités". La banque elle-même a souligné que rien n'avait été arrêté.
La compagnie qui gère la centrale accidentée de Fukushima, Tepco Electric Power (Tepco), a été nationalisée de facto depuis le désastre.
Kyushu Electric, Hokkaido Electric et Tepco, comme six de leurs homologues des autres régions du Japon, font tout pour obtenir le droit de relancer le plus vite possible leurs réacteurs, stoppés soit à la suite d'un séisme soit par mesure de précaution après l'accident de Fukushima, le plus grave depuis celui de Tchernobyl (Ukraine) en 1986.
Le Premier ministre de droite Shinzo Abe a promis que certaines tranches seraient autorisées à redémarrer, mais ce feu vert est soumis préalablement au certificat de sûreté de l'Autorité de régulation nucléaire, laquelle a durci les normes et ordonné de nouvelles études sur les dangers sismiques auxquels sont exposées les centrales.