PARIS (Reuters) - François Hollande a annoncé l'adoption prochaine d'un plan de lutte contre le racisme et l'antisémitisme, lors d'un discours au mémorial de la Shoah à Paris mardi, jour du 70e anniversaire de la libération du camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau.
Le président français, qui devait se rendre dans l'après-midi à Auschwitz pour une cérémonie internationale, s'exprimait après la série d'attentats djihadistes qui ont frappé la France et dans lesquels quatre juifs sont morts.
"Je souhaite que le gouvernement présente d'ici la fin du mois de février un plan global de lutte contre le racisme et l'antisémitisme après une large concertation", a-t-il dit en confirmant la généralisation de la caractérisation raciste et antisémite comme circonstance aggravante d'un délit.
Il a aussi demandé aux grandes plate-formes internet d'empêcher, sans attendre la mise en place d'un cadre juridique européen, la propagation des idées antisémites et négationnistes sur la toile.
"Ils ne peuvent plus fermer les yeux ou alors il seront considérés complices", a-t-il dit en tentant de rassurer les juifs de France sur leur avenir dans leur pays.
"Vous, Français de confession juive, votre place est ici, chez vous, la France est votre patrie", a-t-il ajouté. "A tous nos concitoyens, à vous, à vous qui êtes les témoins, je veux dire que la France protègera, protègera tous ses enfants, qu'elle ne tolèrera aucune insulte, aucun outrage, aucune profanation."
Un départ pour Israël fait débat auprès d'une partie des quelque 550.000 juifs de France et, même avant les attentats qui ont fait 17 morts au total, ils étaient de plus en plus nombreux à effectuer leur "alya".
Selon l'Agence juive en France, plus de 7.000 français sont partis en Israël en 2014, plus du double des 3.300 enregistrés en 2013, un chiffre déjà en hausse de 73% par rapport à 2012.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a agacé les autorités françaises en déclarant après les attentats qu'Israël était le "foyer" des juifs de France et que tout "tout juif qui veut immigrer en Israël y sera reçu les bras ouverts".
"Si le terrorisme vous conduisait à vous éloigner de la terre de France, de la langue française, de la culture française, de la République française qui a émancipé les Juifs, alors le terrorisme aurait atteint son but", a dit François Hollande mardi.
Déjà choquées par les meurtres de Mohammed Merah à Toulouse et la tuerie du Musée juif de Bruxelles attribuée à Mehdi Nemmouche, un ressortissant français, les organisations juives de France redoutent une recrudescence des actes antisémites après la prise d'otages d'Amedy Coulibaly dans une supérette casher à Paris, qui a fait quatre morts le 9 janvier.
Le nombre de ces actes a doublé en 2014 en France, accusant une hausse de 101% par rapport à 2013, a dit mardi le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).
(Julien Ponthus, édité par Yves Clarisse)