par James Mackenzie et Elizabeth Pineau
MILAN (Reuters) - Les questions liées à l'assouplissement de la discipline budgétaire souhaité par Paris et Rome contre la volonté de l'Allemagne se sont invitées, mercredi à Milan, à la troisième grande réunion européenne sur la lutte contre le chômage.
Une vingtaine de dirigeants européens, dont François Hollande, la chancelière allemande Angela Merkel et le président du Conseil italien, Matteo Renzi, se sont retrouvés dans la deuxième ville d'Italie pour accélérer les processus engagés l'an dernier en faveur de l'emploi, des jeunes en particulier.
Pour contrer le fléau qui touche 23,3% des moins 25 ans dans la zone euro, Paris a demandé que l'enveloppe de six milliards d'euros accordée l'an dernier, dont une grande partie n'a pas été versée, passe à 20 milliards d'ici 2020.
"Mais, avant de parler de nouveaux financements, encore faut-il que les fonds dégagés soient consommés", a déclaré le président français lors de la conférence de presse finale.
La chancelière allemande a insisté elle aussi sur la mise en oeuvre des décisions et le déblocage des sommes déjà engagées. "Le problème n'est pas qu'il n'y a pas assez d'argent, le problème est d'accéder aux caisses", a-t-elle souligné, invitant par ailleurs à former les jeunes aux nouvelles technologies pour accéder aux "emplois du futur".
RELANCE DE LA CROISSANCE
Au-delà du problème spécifique de l'emploi des jeunes, François Hollande a insisté sur la relance de la croissance, indispensable à la création d'emplois.
Un message lancé à quelques semaines de l'installation, le 1er novembre, de la nouvelle la Commission européenne, dont le président, Jean-Claude Juncker, a promis un plan de relance de 300 milliards d'euros sur les trois prochaines années pour lutter contre le chômage.
"Il faut ajuster le rythme des politiques budgétaires par rapport à l'enjeu de la croissance", a dit le président français dès son arrivée à Milan.
"Aujourd'hui, c'est elle qui est menacée et donc c'est vers elle que nous devons nous tourner parce que nous sommes tous concernés", a-t-il ajouté, laissant entendre que l'Allemagne devait elle aussi favoriser un réveil de l'économie continentale.
La France, comme l'Italie, sont menacées de réprimandes de la Commission, l'une pour ne pas avoir réussi à ramener le déficit public à la limite européenne de 3% fin 2015, l'autre pour endettement excessif.
"La France a dit qu'elle respecterait ses engagements et je n'ai aucune de raison de douter que l'Italie ne fera pas de même", a dit Angela Merkel. "Nous avons pris ces décisions il y a peu de temps donc je ne doute pas que chacun aura à coeur de prendre ses responsabilités".
La chancelière a souligné que son pays prenait "toute une série de décisions (...) dans le sens d'un renforcement de la demande intérieure", citant notamment l'instauration d'un salaire minimum.
Matteo Renzi a quant à lui émis des doutes sur des règles du type de celle des 3%, "prises il y a 20 ans, avant internet".
Montrée du doigt à Bruxelles, "la France fait en sorte de respecter ses engagements et d'utiliser toutes les flexibilités qui sont prévues", a assuré François Hollande, ajoutant à l'adresse de son hôte, social-démocrate comme lui : "Nous regardons avec intérêt ce que fait l'Italie, comme l'Italie regarde ce que fait la France avec beaucoup d'affection".
(Edité par Chine Labbé)