PARIS (Reuters) - La tenue de l'émission politique de France 2, "Des paroles et des actes", avec Marine Le Pen en guise d'invitée principale, dont les modalités ont soulevé la polémique, semblait en suspens jeudi après-midi, à quelques heures de sa diffusion.
La présidente du Front National (FN) s'est insurgée contre l'invitation à la dernière minute de deux de ses rivaux aux élections régionales de décembre pour des motifs d'équité de temps de parole en période de campagne, ce à quoi la chaîne a répondu que le format ne pouvait plus être modifié.
"La proposition est sur la table, il n'y en aura pas d'autre", a déclaré le présentateur de l'émission, David Pujadas, dans un entretien publié sur le site internet du groupe France Télévisions.
La controverse a pris de l'ampleur mercredi, lorsque le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Jean-Christophe Cambadélis, et le président des Républicains, Nicolas Sarkozy, ont protesté contre la venue de Marine Le Pen dans cette émission retransmise à une heure de grande écoute.
Ils ont alors convenu de saisir le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA).
"Dans un souci d'apaisement avec les uns et les autres, France 2 a décidé d'ouvrir au sein de l'émission une séquence de 30 à 40 minutes consacrée au scrutin régional dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie", a indiqué la présidence du groupe France TV dans un communiqué.
"Nous avons convié Xavier Bertrand (candidat Les Républicains) et Pierre de Saintignon (candidat PS) à y participer en direct dans une stricte égalité de temps de parole avec Marine Le Pen".
France Télévisions a fait savoir que les deux candidats conviés avaient accepté cette proposition.
CONDITION
Dénonçant "les méthodes" de la chaîne, la candidate du FN a rapidement réagi en posant des conditions à sa participation à l'émission présentée par David Pujadas.
"Désormais, je suis tenue d'accepter à la dernière minute plus de trois heures d'émission, six débats, plus les interviews des différents journalistes, simplement pour satisfaire aux exigences d'une action coordonnée de l'UMPS", écrit-elle dans un communiqué.
"Dans ces conditions, je ne peux accepter l'invitation qui m'a été faite qu'à la condition que le débat envisagé avec messieurs Saintignon et Bertrand remplace les débats initialement prévus" avec le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll et le président de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde, ajoute-t-elle.
La présidente du FN doit en théorie être la principale invitée de "Des paroles et des actes" pour la cinquième fois depuis la création de l'émission, un record.
A la suite d'une réunion d'information tenue vendredi dernier, le CSA a préconisé que la possibilité d'une expression contradictoire soit rapidement offerte aux concurrents avant même l'application des règles régissant la période électorale, qui débutera le 26 octobre.
(Marine Pennetier et Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)