par Simon Carraud
PARIS (Reuters) - Alain Juppé a exhorté lundi soir à Paris ses partisans à organiser la "mobilisation générale" sur laquelle il mise pour virer en tête dimanche prochain au premier tour de la primaire de la droite et l'emporter une semaine plus tard.
"Plus il y aura de votants et plus j'aurai de chance de gagner", a lancé le maire de Bordeaux devant environ 6.000 personnes réunies au Zénith pour une démonstration de force de son camp, qui réunit autour de l'ancien Premier ministre les principales figures centristes et les héritiers politiques de Jacques Chirac.
Depuis deux ans, le favori des sondages s'en tient à sa stratégie consistant à battre le rappel des électeurs de droite et du centre mais aussi des sympathisants désenchantés du Front national et des "déçus du hollandisme".
Pour que ce pari fonctionne, il escompte une participation supérieure à deux millions de personnes à la primaire. Mais, dans son entourage, on craint à l'approche du scrutin une démobilisation de l'électorat, qui profiterait mécaniquement à Nicolas Sarkozy, fidèle depuis son entrée en campagne au mois d'août à son choix tactique de s'adresser en priorité au noyau dur de la droite.
"Il reste quelques efforts à faire pour gagner tout de même", a répondu l'ex-sarkozyste Patrick Devedjian à la foule du Zénith qui scandait "On va gagner".
"Dans six jours, ce sera la première étape, peut-être la plus décisive: le premier tour", a pour sa part déclaré Alain Juppé devant un auditoire où se mêlaient les membres du premier cercle, les ralliés comme Frédéric Lefebvre et Valérie Pécresse, mais également Jean-Louis Debré, qui n'avait encore jamais manifesté sa préférence entre les sept candidats.
"Alors c'est le moment de la mobilisation générale", a-t-il ajouté avant d'appeler ses sympathisants à convaincre leurs proches de voter ces deux prochaines semaines, en rappelant au passage les modalités du scrutin.
"ATTAQUES IGNOMINIEUSES"
Les sondages continuent à lui prêter une avance confortable, surtout en vue du deuxième tour, mais plusieurs instituts ont mesuré ces derniers jours un tassement des intentions de vote en sa faveur et, parallèlement, un maintien de Nicolas Sarkozy et une poussée de François Fillon.
Dans ce climat, la campagne n'a jamais ralenti.
"Je fais campagne dans la dignité. Depuis quelques temps, je concentre sur moi toutes les attaques (...). Les plus récentes sont particulièrement ignominieuses", a déploré le maire de Bordeaux, sans plus de précisions sur la nature des attaques auxquelles il songe.
"Si leurs auteurs croient me déstabiliser, ils se trompent. Droit dans mes bottes j'ai été, droit dans mes bottes je resterai", a poursuivi l'ex-Premier ministre, qui doit en partie son image de rigidité à cette expression prononcée au plus fort des grèves de l'hiver 1995.
Durant son discours long d'une quarantaine de minutes, Alain Juppé a cependant lui-même éreinté Nicolas Sarkozy et dénoncé à mots couverts la promesse faite par l'ex-président de confier Matignon au chiraquien François Baroin.
"Je n'ai monnayé aucun soutien contre un portefeuille ministériel ou contre des circonscriptions législatives. Cela a pu me coûter des ralliements, mais la liberté est à ce prix", a-t-il jugé, sans prononcer le nom de son concurrent.
Il a en réalité laissé aux orateurs qui l'ont précédé le soin d'asséner les coups plus virulents, à l'image du centriste Jean-Christophe Lagarde qui a dit, en référence au futur président américain, ne pas vouloir d'un "mini-Trump à l'Elysée".
Alain Juppé tiendra son dernier grand meeting d'avant-premier tour vendredi à Lille.
(édité par Henri-Pierre André)