LONDRES/PARIS (Reuters) - L'Arabie saoudite, si elle veut être jugée crédible, doit étayer par des faits ses explications sur ce qui est arrivé au journaliste Jamal Khashoggi, déclarent dimanche l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni dans un communiqué commun.
Après deux semaines de dénégation, l'Arabie saoudite a reconnu samedi la mort du journaliste saoudien, qui vivait depuis un an aux Etats-Unis et se montrait critique envers le prince héritier Mohamed ben Salman. Ryad a expliqué qu'il était mort dans une bagarre au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul.
Une source saoudienne haut placée a ensuite indiqué que le journaliste âgé de 59 ans avait été tué accidentellement par une prise d'étranglement au cours d'une altercation dans le consulat.
"Rien ne peut justifier ce meurtre et nous le condamnons avec la plus grande fermeté", déclarent les trois pays dans un communiqué commun.
"Nous prenons note de la déclaration de l'Arabie saoudite présentant des conclusions préliminaires", poursuivent les trois chancelleries.
"Il reste toutefois urgent de clarifier ce qu'il s'est passé exactement le 2 octobre - au-delà des hypothèses qui ont été soulevées jusqu’à présent dans le cadre de l’enquête saoudienne, et qui doivent être étayées par des faits pour être considérées comme crédibles."
Paris, Londres et Berlin estiment que "des efforts supplémentaires sont nécessaires et attendus pour établir la vérité d’une manière exhaustive, transparente et crédible" et ajoutent qu'ils se détermineront "en dernier ressort en fonction de la crédibilité des explications supplémentaires que nous recevrons sur ce qu’il s’est passé, ainsi que de notre conviction qu’un événement aussi indigne ne puisse plus se reproduire et ne se reproduira plus".
Les trois capitales européennes réclament que "les responsabilités soient clairement établies, et que les auteurs des faits en répondent dans le cadre d'un véritable procès".
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a pour sa part déclaré qu'il ferait toutes les déclarations nécessaires sur la mort du journaliste saoudien lors d'une réunion avec des membres de l'AKP, le parti au pouvoir, mardi au Parlement.
"Je ferai une déclaration à ce sujet mardi lors de la réunion du groupe du parti", a déclaré le chef de l'Etat turc lors d'un discours prononcé dimanche à Istanbul.
(Kylie MacLellan et Simon Carraud avec Omer Berberoglu à Istanbul; Danielle Rouquié pour le service français, édité par Henri-Pierre André)