PARIS (Reuters) - L'ex-ennemi public numéro 1 Redoine Faïd et huit autres accusés sont jugés depuis mardi pour un braquage au cours duquel la policière municipale Aurélie Fouquet a été tuée en 2010, provoquant une onde de choc dans les forces de l'ordre.
Considéré comme le chef d'une bande armée, Redoine Faïd n'est pas jugé pour meurtre, contrairement à certains de ses co-accusés, mais pour "récidive de tentative de vol en bande organisée avec usage ou menace d'armes".
Les investigations n'ont pas établi son implication directe dans la course-poursuite et la fusillade qui a coûté la vie à la fonctionnaire de 26 ans à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne). Il encourt néanmoins la réclusion criminelle à perpétuité.
Les limiers de la police judiciaire sont convaincus que cet ancien petit caïd des cités de l'Oise qui se rêvait en bandit de cinéma et se présentait quelques mois plus tard comme un "repenti" est bien le cerveau de l'opération.
Mais Redoine Faïd considère "qu'il n'a rien à faire aux assises car aucun élément matériel ne l'implique" dans la tentative d'attaque à main armée, assure son avocat.
"Aucun témoin ne l'a reconnu, aucun de ses co-accusés ne le met en cause et son ADN n'a été retrouvé nulle part puisqu'il n'était pas là. Sa participation est une hypothèse de travail que rien n'étaye", a dit Me Christian Saint-Palais à Reuters.
"Nous serons vigilants pour que ce qui fut sa notoriété ne le desserve pas", a-t-il ajouté avant le début de l'audience.
Redoine Faïd, 43 ans, n'a eu cesse en effet de chercher à se faire un nom dans le grand banditisme.
IL S'EST INSPIRÉ DU FILM "HEAT"
Il a ainsi reproduit à l'identique des scènes de "Heat" de Michael Mann, son film fétiche, pour l'attaque d'un fourgon blindé en 1997 à Villepinte (Seine-Saint-Denis).
Il s'enfuit ensuite en Israël pour y apprendre l'hébreu et le maniement des explosifs. De retour en France en 1998, il est arrêté et condamné pour l'attaque à main armée de Villepinte.
Mais en avril 2013, il réussit à s'évader de la maison d'arrêt de Sequedin (Nord) à grand renfort d'explosifs et après avoir pris quatre surveillants en otage. Il est repris six semaines plus tard dans un hôtel de Seine-et-Marne.
Le grand public l'avait auparavant découvert en 2010, quelques mois après la mort d'Aurélie Fouquet, grâce à un livre d'entretiens avec un journaliste où il affirmait que son passé de délinquant était derrière lui.
L'expertise psychiatrique décrit Redoine Faïd comme un "prédateur social qui utilise les qualités de sa personnalité - charme, charisme, intelligence, courage, réactivité - pour contrôler les autres et obtenir ce qu'il souhaite".
Le procès fleuve doit durer jusqu'au 15 avril en présence de 20 parties civiles, 103 témoins et 25 experts.
L'un des accusés, Olivier Tracoulat, est jugé par défaut. La justice ignore s'il est toujours en fuite ou s'il a été mortellement blessé lors de la fusillade de Villiers-sur-Marne et discrètement enterré par des complices.
(Gérard Bon, édité par Yves Clarisse)