par Michelle Nichols
NATIONS UNIES (Reuters) - La Jordanie a officiellement présenté au Conseil de sécurité des Nations unies un projet de résolution prônant la conclusion d'une paix entre Israéliens et Palestiniens dans un délai d'un an et la fin de l'occupation israélienne des territoires palestiniens d'ici fin 2017.
Ce texte rédigé par les Palestiniens peut désormais en théorie être soumis à un vote des 15 membres du Conseil de sécurité au bout de 24 heures. Rien ne garantit toutefois qu'un vote sera organisé, certains projets soumis au Conseil n'ayant jamais donné lieu au moindre vote.
Une précédente version de ce texte présentée de manière informelle en octobre au Conseil de sécurité appelait à la fin de l'occupation israélienne des territoires palestiniens d'ici novembre 2016, ce qui a été jugé inacceptable par les Etats-Unis et d'autres pays.
Neuf voix sont nécessaires à l'adoption d'un texte. Si une telle majorité paraît se dégager, les Etats-Unis, auxquels Israël a demandé de s'opposer à toute initiative de ce genre, auraient à décider d'user ou non de leur droit de veto.
La France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne préparent de leur côté un autre projet de résolution qui proposerait un délai de deux ans pour faire aboutir des négociations de paix israélo-palestiniennes. Le texte européen définirait aussi certains paramètres d'un règlement du conflit, selon des diplomates.
Le texte palestinien semble tenir compte de certaines idées européennes.
Les Palestiniens réclament la création d'un Etat en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, avec Jérusalem-Est pour capitale, autant de territoires captés par Israël lors de la Guerre des Six-Jours en 1967. L'Etat hébreu a depuis bâti des colonies en Cisjordanie, administrée par l'Autorité palestinienne, et à Jérusalem-Est mais s'est retiré en 2005 de la bande de Gaza, à laquelle il impose toutefois un blocus.
GADGETS PALESTINIENS
Le projet palestinien présenté mercredi précise qu'une solution négociée doit se fonder sur plusieurs éléments, dont les frontières de 1967, des accords dans le domaine de la sécurité et "Jérusalem en tant que capitale partagée de deux Etats qui répond aux aspirations légitimes des deux parties et protège la liberté de culte".
Le texte "appelle les deux parties à s'abstenir de toute action unilatérale et illégale, notamment les activités de colonisation, qui pourrait saper la viabilité d'une solution à deux Etats".
Israël accepte le principe d'une solution à deux Etats mais il refuse de considérer les frontières de 1967 comme une base de négociation pour un règlement définitif du conflit.
Le ministre israélien des Affaires étrangères a estimé jeudi que cette initiative ne permettrait pas de parvenir à un accord plus rapidement car, a-t-il dit, "sans le consentement d'Israël rien ne changera".
Dans un communiqué, Avigdor Lieberman estime qu'une décision unilatérale de l'Onu ne ferait qu'accentuer le conflit israélo-palestinien.
"Le Conseil de sécurité ferait mieux de s'occuper de questions vraiment importantes pour les citoyens du monde, telles que les attaques meurtrières commises cette semaine en Australie et au Pakistan ou discuter des événements en Syrie et en Libye et ne pas perdre son temps avec des gadgets palestiniens", a-t-il dit.
Le chef du gouvernement israélien, Benjamin Netanyahu, a dit avoir demandé lundi à John Kerry, secrétaire d'Etat américain, l'assurance que les Etats-Unis bloqueraient toute tentative palestinienne ou européenne à l'Onu d'établir un calendrier en vue de la création d'un Etat palestinien.
(Avec Jeffrey Heller à Jérusalem; Bertrand Boucey et Pierre Sérisier pour le service français)