PARIS (Reuters) - Des dirigeants de l'UMP ont paru partagés ce week-end sur l'attitude à adopter une semaine après les grandes manifestations unitaires du 11 janvier contre le terrorisme.
L'ancien Premier ministre UMP Jean-Pierre Raffarin a invité dimanche François Hollande a prendre une "initiative majeure", à la hauteur de l'élan d'unité nationale suscité en France par les attentats des 7, 8 et 9 janvier.
Mais le député UMP Bruno Le Maire, qui a obtenu près d'un tiers des voix lors de l'élection du président de la principale formation de droite française, a pour sa part dit ne pas vouloir signer de "chèque en blanc" au chef de l'Etat et à sa majorité.
Au moins 3,7 millions de Français, parmi lesquels beaucoup de dirigeants politiques de gauche et de droite, ont exprimé le 11 janvier leur émotion après ces attaques contre Charlie Hebdo, une policière et une épicerie casher, qui ont fait 17 morts.
"Je pense qu'on a franchi un cap de gravité. Je n'avais jamais connu ça dans la vie publique", a déclaré Jean-Pierre Raffarin sur France 5. "Il n'y a jamais eu un tel élan."
"Il faut que nous soyons à la hauteur", a-t-il poursuivi. "Je pense que le président doit prendre une initiative majeure pour montrer qu'il est prêt à faire des choses différentes de ce qui était engagé auparavant."
Ne pas prendre une telle initiative pour profiter de cet élan serait "passer à côté d'une chance", a-t-il estimé.
Jean-Pierre Raffarin a émis l'idée d'une "conférence nationale" pour définir les priorités des 12 prochains mois, notamment en matière de sécurité, d'emploi et d'école.
ANNÉE ÉLECTORALE
En matière de sécurité, il a estimé qu'il manquait environ 2,5 milliards d'euros au budget de la défense, aujourd'hui très sollicitée à la fois sur des théâtres extérieurs et en France, dans le cadre du plan Vigipirate de prévention du terrorisme.
"Il faut deux à trois milliards supplémentaires mais ça veut dire qu'il faut qu'on les prenne quelque part", a souligné l'ancien Premier ministre. "Donc, je pense qu'on devrait se mettre autour d'une table, majorité et opposition."
Tout en réclamant un débat politique à la hauteur de la situation actuelle, Bruno Le Maire a pour sa part déclaré sur France 3 que l'unité nationale n'était pas un chèque en blanc.
"Nous sommes dans l'opposition", a-t-il dit. "Moi je ne donne pas de chèque en blanc à François Hollande."
"Des décisions rapides, fortes, doivent être prises, d'abord en matière de sécurité mais aussi, parce que le mal est beaucoup plus profond, en matière d'éducation et en matière économique", a ajouté l'ancien ministre UMP.
Une autre ancienne ministre UMP, Valérie Pécresse, a pour sa part déclaré à Radio J qu'elle attendait du chef de l'Etat et du gouvernement "qu'ils écoutent les propositions de l'opposition".
Alors que 2015 est une année d'élections départementales et régionales qui contribueront à cristalliser le rapport de forces avant la présidentielle de 2017, nombre de cadres et militants de l'UMP semblent pressés d'en découdre de nouveau avec la gauche au pouvoir, après cette parenthèse dramatique de janvier.
Une parenthèse qui a permis à François Hollande et à son Premier ministre, Manuel Valls, qui avaient fini 2014 au plus bas dans les sondages, de bénéficier d'un net rebond de leur cote de popularité.
(Emmanuel Jarry, édité par Jean-Stéphane Brosse)