PARIS (Reuters) - Une amplification "substantielle" des réformes est nécessaire et possible en France pour augmenter le potentiel de croissance de son économie, a déclaré mercredi François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France.
Dans sa lettre annuelle aux présidents de la République, du Sénat et de l'Assemblée nationale publiée mercredi, il estime que ces réformes sont non seulement impératives mais aussi nécessaires pour asseoir la crédibilité de la France en Europe et permettre d'avancer vers une plus grande coordination des politiques budgétaires.
Pour le gouverneur de la Banque de France, les progrès accomplis ces dernières années pour améliorer la productivité de l'économie française sont "sensibles" mais "le chemin à parcourir reste très significatif" pour augmenter la croissance potentielle.
"Une amplification substantielle des réformes est non seulement nécessaire mais possible", indique celui qui a été nommé l'automne dernier par François Hollande pour succéder Christian Noyer.
Si la croissance de son économie a accéléré l'an passé, comme l'a confirmé mardi l'Insee, la France affiche toujours des résultats "inférieurs à la reprise de la zone euro dans son ensemble, elle-même encore trop partielle".
SOUTIEN A LA LOI TRAVAIL
Se faisant l'écho des préconisations faites de longue date par les institutions internationales (FMI, OCDE, Commission européenne) mais aussi la Cour des comptes et France Stratégie, François Villeroy de Galhau insiste sur la nécessité de s'attaquer aux rigidités sur les marchés des biens et services, d'améliorer la formation des jeunes et des chômeurs et de réformer l'Etat.
Il prône en outre un dialogue social "rénové et décentralisé au niveau de l'entreprise, au plus près de la réalité économique et humaine", jugeant sur ce point que le projet de loi Travail "apporte des progrès bienvenus en ce sens".
S'agissant de la réforme de l'Etat et, plus globalement, de la sphère publique, le gouverneur souligne que la "maîtrise des dépenses publiques est clé" et souhaite pour cela "de vrais choix de missions, au-delà de la succession de 'coups de rabots' trop génériques".
"Il est essentiel (...) de ne rien relâcher de la discipline budgétaire et de passer nettement sous 3% de déficit (par rapport au PIB) en 2017", dit-il dans sa lettre en référence aux objectifs du gouvernement.
Pour ces réformes, François Villeroy de Galhau appelle à une "mobilisation collective dans la durée" et souligne les succès des efforts menés par des pays comme la Suède ou l'Allemagne qui montrent, selon lui, "qu'il n'y a pas fatalement à choisir entre un modèle économique plus performant et un modèle social auquel nos concitoyens tiennent légitimement".
"Faire preuve de la même ambition en France n'est pas seulement un impératif pour notre pays, c'est aussi une condition de notre crédibilité en Europe pour pouvoir avancer vers une plus grande coordination de nos politiques budgétaires et structurelles", dit-il.
"Celle-ci est indispensable, en relais de la politique monétaire active, pour relancer la croissance et l'emploi".
(Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse)