PARIS (Reuters) - Les syndicats doivent parvenir à s'entendre sur des propositions communes pour peser davantage sur les réformes à venir, a déclaré vendredi le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, au lendemain d'une manifestation organisée par la CGT et marquée par une très faible participation.
Les organisations syndicales, qui n'étaient pas parvenues à s'entendre sur un message commun lors d'une première rencontre intersyndicale la semaine dernière, doivent se réunir à nouveau au siège de la CFDT mardi prochain.
"Nous avons décidé de nous retrouver pour regarder ce que nous pouvions porter ensemble sur la formation professionnelle, sur l'apprentissage, sur l'assurance chômage et, plus globalement, sur la réduction des inégalités et la justice sociale", a dit Laurent Berger à l'issue d'une rencontre avec la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, sur les réformes à venir.
"Parler d'une même voix pour porter des propositions pour les demandeurs d'emploi, pour les salariés, afin de peser dans les discussions avec le patronat et le gouvernement, ce serait une bonne chose", a-t-il précisé.
La CGT, elle, souhaite profiter de la rencontre intersyndicale pour fixer une date pour une journée d'action en commun contre la réforme, désormais adoptée, du Code du travail.
Elle n'était pas parvenue à convaincre les syndicats qui étaient prêts à rejoindre le mouvement de contestation, FO et la CFE-CGC, à la soutenir pour une troisième manifestation jeudi.
Cette journée s'est soldée par une très faible mobilisation malgré l'appui de Solidaires, la FSU, le syndicat étudiant Unef et 13 fédérations de la CFE-CGC.
Le ministère de l'Intérieur a recensé 37.700 manifestants dans le pays, contre 132.000 le 21 septembre et 223.000 le 12 septembre. La CGT, elle, a fait état de la présence de "dizaine de milliers" de personnes.
LES ORDONNANCES, UN "COMBAT" PAS TERMINÉ
Pour Laurent Berger, cette prochaine rencontre ne doit pas servir à fixer une nouvelle journée de manifestation, mais mobiliser les syndicats contre les mesures du gouvernement qui vont à l'encontre de "la justice sociale", comme le projet de loi de finances, qualifié de projet de loi pour les "riches" par l'opposition ou encore la "baisse des contrats aidés" et des aides au logement.
Déçu par les ordonnances qui ne garantissent pas, selon lui, suffisamment de dialogue social, le syndicaliste réclame maintenant des "résultats" sur les réformes sur l'apprentissage, la formation professionnelle et l'assurance chômage.
Ces réformes, qui visent à "sécuriser les travailleurs", constituent le deuxième grand chantier social du quinquennat d'Emmanuel Macron après celui du Code du travail qui devait donner plus de "souplesse" aux entreprises.
Son discours trouve écho chez le président de la CFTC, Philippe Louis, autre syndicat qui se dit réformiste.
"On peut comprendre que les entreprises aient besoin de s'adapter. Nous, on a dit d'accord à plus de souplesse, mais on veut que les parcours professionnels des salariés soient sécurisés", a-t-il dit jeudi à Reuters.
"Il faut que les salariés puissent se former plus facilement. C'est la contrepartie."
Pour Laurent Berger, le "combat" contre les ordonnances publiées le 23 septembre, n'est toutefois pas terminé.
"La page s'ouvre", a-t-il dit. "Maintenant la mobilisation est dans les entreprises, dans notre capacité à faire en sorte qu'aucune entreprise ne puisse s'exonérer vraiment du dialogue social."
(Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)