PARIS (Reuters) - La France "maintiendra son effort militaire" en Syrie "tant que cela sera nécessaire", a déclaré vendredi Emmanuel Macron, qui a réaffirmé son appel à "une transition politique négociée".
Paris a annoncé par ailleurs débloquer 15 millions d'euros d'ici à la fin de l'année pour les "zones libérées" en Syrie.
"Le combat contre Daech ne s’achève pas avec la chute de Rakka, et la France maintiendra son effort militaire tant que cela sera nécessaire", a déclaré le président français dans un communiqué, quelques heures après l'annonce officielle de la reconquête de ville du nord de la Syrie par les Forces démocratiques syriennes (FDS).
Il aura fallu quatre mois de combats aux FDS, alliance de milices arabes et kurdes appuyées par les Occidentaux, pour reprendre l'ancienne capitale autoproclamée du groupe Etat islamique (EI) en Syrie.
"Les défis de la stabilisation et de la reconstruction ne seront pas moindres que ceux de la campagne militaire", souligne Emmanuel Macron. "Une transition politique négociée est plus que jamais nécessaire", réaffirme-t-il.
"La Syrie doit enfin trouver la voie d’une sortie de la guerre civile, qui a nourri le terrorisme depuis la répression du mouvement démocratique par le régime de Bachar al Assad", a-t-il poursuivi.
Le président de la République a estimé que "dans l’attente d’une solution d’ensemble à la crise syrienne" l'ensemble des territoires libérés par les soldats de la coalition formaient "une zone de sécurité de fait, où doit s’exercer une gouvernance inclusive, dans le respect de l’ensemble des communautés".
"Ce principe devra en premier lieu s’appliquer à la ville de Rakka", a précisé Emmanuel Macron.
Les FDS ont annoncé vendredi que la ville et sa province feraient partie d'une Syrie décentralisée et fédérale et qu'elles entendaient en confier l'administration à un conseil civil, créer une police locale et "protéger les frontières de la province des menaces extérieures".
La France "souhaite que la gouvernance de ces territoires réponde au mieux aux besoins et aux aspirations des populations et facilite la réconciliation", déclare Jean-Yves Le Drian dans un communiqué.
Pour la reconstruction, 15 millions d'euros seront alloués d'ici la fin de l'année "pour des projets dans les secteurs de l’aide alimentaire, du déminage, de l’aide aux déplacés, de l’eau et de la santé", indique Jean-Yves Le Drian. Il ne précise pas à qui iront ces fonds.
La "fédéralisation" est déjà en cours dans d'autres secteurs de Syrie aux mains des Kurdes, où un processus électoral en trois phases a débuté le mois dernier, malgré l'opposition de Damas, d'Ankara et de Washington, qui soutient les FDS dans leur combat contre l'EI.
Le président syrien Bachar al Assad, dont l'armée progresse rapidement avec l'appui de l'aviation russe et de l'Iran, a quant à lui promis de restaurer l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du territoire national.
(Cyril Camu et Sophie Louet)