par Paul Lorgerie et Tangi Salaün
BAMAKO/PARIS (Reuters) - La ministre des Armées, Florence Parly, a réaffirmé l'engagement de la France à aider ses partenaires africains à lutter contre la recrudescence des attaques djihadistes au Sahel, mardi à Bamako, troisième étape d'une tournée qui l'a menée au Tchad, au Burkina Faso et au Mali.
Avant de regagner Paris, Florence Parly a fait escale à Gao, dans le nord-est du Mali, où elle s'est adressée aux soldats de la force Barkhane et a rendu hommage au brigadier-chef Ronan Pointeau, tué samedi dernier par l'explosion d'une bombe au passage de son blindé dans cette région.
L'attaque a été revendiquée par la branche locale du groupe Etat islamique (EI).
La défaite territoriale de l'EI en Syrie et en Irak et la mort de son chef, Abou Bakr al Baghdadi, tué par les forces spéciales américaines le mois dernier, fait craindre une flambée de violences dans d'autres pays et en particulier au Sahel, où les 4.500 soldats français déployés dans le cadre de Barkhane peinent déjà à sécuriser un territoire grand comme l'Europe.
A Gao, où Barkhane dispose de sa plus grande base, Florence Parly voulait saluer l'abnégation des soldats français qui mènent depuis plus de cinq ans le combat contre un ennemi en perpétuelle mutation.
Plus tôt dans la journée, à Bamako, elle avait réaffirmé l'engagement de la France à aider ses partenaires africains à lutter contre la recrudescence des attaques.
Vendredi, au moins 53 soldats maliens ont été tués dans des attaques en partie revendiquées par l'EI [nL8N27I0MI], et les opérations des groupes djihadistes se multiplient depuis plusieurs mois au Burkina Faso voisin, sur fond de conflits communautaires.
"J'ai renouvelé la détermination de la France à poursuivre ce combat mené courageusement par l'armée malienne contre le terrorisme et (...) notre souhait de pouvoir renforcer notre appui si cela est possible", a déclaré Florence Parly après un entretien avec le président malien Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).
"La situation sécuritaire est difficile, les récentes attaques en attestent (mais) on ne doit pas baisser la garde à un moment aussi dramatique", a-t-elle ajouté.
"ACCOMPAGNEMENT" ET "PATIENCE"
Dans ce contexte, "il était important de faire le point sur les besoins de nos partenaires en matière de sécurité, notamment le Burkina Faso" où l'armée française intervient à partir de ses bases au Mali et au Niger, et qui héberge le quartier général des forces spéciales françaises de l'opération Sabre, dit-on au ministère des Armées à Paris.
Florence Parly a martelé à chacune des étapes de sa tournée sahélienne l'importance de "l'accompagnement" par la France des armées africaines, notamment celles du G5 Sahel (regroupant outre les trois pays visités, le Niger et la Mauritanie) que Paris s'efforce tant bien que mal de rendre plus opérationnel.
"Barkhane ne s'enlise pas. Barkhane s'adapte en permanence. Barkhane se transforme pour (...) mieux accompagner les forces africaines dans leurs opérations", a assuré la ministre dimanche à N'Djamena, centre opérationnel de l'opération française, en vantant la "montée en puissance" du G5 Sahel illustrée selon elle par une récente opération au Niger.
"C'est un combat dans lequel il faut faire preuve de patience. Il faudra du temps pour construire la résilience des forces locales", a-t-elle toutefois concédé.
A Ouagadougou puis Bamako, Florence Parly a annoncé qu'une opération réunissant des forces maliennes et burkinabées sous le commandement de Barkhane allait être lancée de part et d'autre de la frontière entre les deux pays.
Pour améliorer l'efficacité de son dispositif et du soutien aux armées locales, la France espère parallèlement convaincre davantage de ses partenaires de l'Union européenne de participer à la "task force" de forces spéciales qu'elle s'emploie à mettre en place en zone sahélienne, souligne-t-on au ministère des Armées.
La force Barkhane doit par ailleurs recevoir d'ici la fin de l'année du matériel modernisé, dont, pour la première fois, des drones Reaper armés de bombes à guidage laser.
(Édité par Henri-Pierre André)