PARIS (Reuters) - Le parquet de Paris a annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête préliminaire pour "agressions sexuelles sur mineure de 15 ans par personne ayant autorité" et "harcèlement sexuel" à la suite des accusations de l'actrice Adèle Haenel contre le réalisateur Christophe Ruggia.
L'enquête a été confiée à l'Office central de répression de la violence faite aux personnes, a précisé le parquet.
Dans une enquête publiée dimanche par le site Mediapart, la comédienne de 30 ans, César de la meilleure actrice en 2015 pour "Les Combattants", accuse Christophe Ruggia d'"attouchements" et "harcèlement sexuel permanent" entre 2001 et 2004.
Le réalisateur avait fait débuter la jeune femme, alors âgée de 12 ans, dans son film "Les Diables", sorti sur les écrans en 2002.
Par ce témoignage, Adèle Haenel a ravivé en France les échos du mouvement #MeToo né à Hollywood en 2017 avec l'affaire Harvey Weinstein, producteur américain accusé d'agressions sexuelles par plusieurs actrices.
Elle explique dans Mediapart avoir pris conscience de la gravité des faits après le visionnage au printemps dernier d'un documentaire sur Michael Jackson, "Leaving Neverland", dans lequel deux Américains affirment avoir été victimes d'abus sexuels répétés, lorsqu'ils étaient mineurs, de la part du chanteur aujourd'hui décédé.
"Je dois le fait de pouvoir parler à toutes celles qui ont parlé avant dans le cadre des affaires MeToo", précise-t-elle également tout en disant ne pas croire en la justice qui "condamne si peu les agresseurs".
La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, avait estimé mercredi matin sur France Inter que la comédienne avait "tort de penser que la justice ne peut pas répondre à ce type de situations".
"Je pense au contraire, surtout avec ce qu’elle a dit, qu’elle devrait saisir la justice, qui me semble être en capacité de prendre en compte ce type de situations", avait-elle ajouté avant que le parquet de Paris ne prenne l'initiative d'une enquête.
Les faits rapportés par Adèle Haenel ne sont pas prescrits.
Christophe Ruggia, aujourd'hui âgé de 54 ans, a réfuté ces accusations par la voix de ses avocats avant d'adresser un droit de réponse à Mediapart mercredi dans lequel il affirme avoir "commis l’erreur de jouer les pygmalions avec les malentendus et les entraves qu’une telle posture suscite".
"A l’époque, je n’avais pas vu que mon adulation et les espoirs que je plaçais en elle avaient pu lui apparaître, compte tenu de son jeune âge, comme pénibles à certains moments", écrit-il notamment.
(Sophie Louet, édité par Jean-Michel Bélot)