PARIS (Reuters) - Le juge des référés du tribunal administratif de Bastia (Haute-Corse) a validé mardi l'arrêté dit anti-burkini de la ville de Sisco, en Corse, rejetant une demande de suspension déposée par la Ligue des droits de l'Homme (LDH).
Dans un communiqué, le tribunal explique que le juge a fait application de la décision du Conseil d'Etat, qui a suspendu fin août un arrêté similaire pris par le maire de Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes).
La plus haute juridiction française avait expliqué suspendre ce texte en raison de l'absence de risques de troubles à l'ordre public, sur les plages de Villeneuve-Loubet, résultant du port de certaines tenues de baignade.
Mais ces risques existent à Sisco, ce qui justifie un tel arrêté, selon le tribunal administratif de Bastia.
"Compte tenu des récents événements du 13 août 2016, de leur retentissement et du fait que l'émotion n'est pas retombée, la présence sur une plage de Sisco d'une femme portant un costume de bain de la nature de ceux visés par l'arrêté du 16 août 2016 serait dans les circonstances particulières de l'espèce de nature à générer des risques avérés d'atteintes à l'ordre public qu'il appartient au maire de prévenir", peut-on lire dans un communiqué du tribunal.
Le maire socialiste de Sisco, Ange-Pierre Vivoni, avait pris son arrêté "pour calmer les esprits", après une rixe, le 13 août, entre des riverains et une famille d'origine maghrébine attribuée à tort au port d'un burkini.
"Ma population est toujours dans l'effervescence", a-t-il assuré mardi sur BFM TV.
Son texte court jusqu'au 30 septembre.
Cinq hommes accusés d'avoir pris part à cette violente rixe seront jugés le 15 septembre.
Cet été, une trentaine de maires, pour la plupart de droite, ont pris des arrêtés dits "anti-burkini", au nom de troubles potentiels à l'ordre public. Malgré la décision du Conseil d'Etat, plusieurs maires ont décidé de maintenir leurs textes, arguant chacun de risques particuliers dans leur commune.
Mais ces derniers jours, les tribunaux administratifs de Toulon et de Nice, saisis par des associations de défense des droits de l'Homme, ont suspendu de nombreux textes.
Le débat sur le burkini, vêtement de bain couvrant porté par des femmes musulmanes, est loin d'être clos en France. Lundi, le Premier ministre Manuel Valls a réitéré sa condamnation de ce vêtement de bain, dont le port constitue selon lui une "provocation".
(Chine Labbé, édité par Yves Clarisse)