PARIS (Reuters) - A peine redessinée, la nouvelle carte des régions françaises sur laquelle se sont accordés mardi les députés socialistes suscite de vives oppositions tant dans le Nord-Pas-de-Calais qu'en Alsace-Lorraine.
La carte remodelée ne comporte plus que 13 régions au lieu de 14 et rattache le Poitou-Charentes à l'entité Limousin-Aquitaine, la Picardie au Nord-Pas-de-Calais et la Champagne-Ardenne à l'Alsace et à la Lorraine.
La région Centre resterait seule, alors qu'elle devait être initialement rattachée à Poitou-Charentes. De même, les Pays-de-la-Loire et la Bretagne resteraient deux régions à elles seules.
Ces amendements à la carte définie la semaine dernière par la commission des Lois de l'Assemblée ont été adoptés lors d'une réunion du groupe par 72 voix contre 12.
Les députés se penchent jusqu'à vendredi sur le projet de loi qui redécoupe les régions métropolitaines et reporte les élections régionales et cantonales de mars à décembre 2015. La question des compétences sera traitée ultérieurement.
Une partie des élus du Nord-Pas-de-Calais ne veut pas de la Picardie qui, elle, se refuse à la Champagne-Ardenne.
Plusieurs députés ont évoqué mardi sans succès le risque de voir le Front national remporter la nouvelle "super-région" Nord-Pas-de-Calais-Picardie lors du prochain scrutin de décembre 2015.
Dans la soirée, Martine Aubry, la maire socialiste de Lille, et plusieurs responsables PS du Nord ont dénoncé une fusion du Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie qui ne ferait qu'additionner, selon eux, les problèmes économiques.
"ABERRATION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE"
"On ne peut pas sans discussion et brutalement vouloir fusionner deux régions en grandes difficultés. C'est une aberration économique et sociale que nous condamnons", déclarent-ils dans un communiqué.
"Les conséquences de cette fusion seraient donc extrêmement préoccupantes pour les habitants de nos collectivités compte tenu du fait qu'il s'agit de deux régions parmi les moins riches de la métropole", ont-ils ajouté.
Alors que la perspective d'une fusion avec la Lorraine avait été perçue positivement par une majorité d'élus alsaciens, la proposition d'y ajouter Champagne-Ardenne, qui marginaliserait Strasbourg et diluerait l'identité alsacienne, est largement rejetée.
"Cette vision aboutira immanquablement à dénaturer le rôle même de la Région. La collectivité régionale perdrait son caractère indispensable de proximité et la connaissance des territoires par les élus", affirment dans un communiqué le président UMP du conseil régional Philippe Richert et la plupart des grands élus de la droite alsacienne.
"Ensuite, elle porte en elle un risque majeur pour le statut de capitale de Strasbourg", ajoutent-ils.
Les élus socialistes sont sur la même longueur d'ondes, à commencer par le sénateur-maire de Strasbourg, Roland Ries. "Je suis hostile à une grande région qui englobe la Champagne-Ardenne, pas seulement à cause de la position géographique de Strasbourg", dit-il mercredi dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace.
Le Premier ministre Manuel Valls a indiqué qu'il pourrait y avoir "des évolutions possibles" après l'organisation, à l'automne, des états généraux de la ruralité.
"Le gouvernement est très ouvert. Cette carte n'est pas à prendre ou à laisser. Les propositions socialistes vont dans le bon sens", a dit de son côté André Vallini, le secrétaire d'État chargé de la Réforme territoriale.
Mais les présidents des groupes communiste et radicaux de gauche ont annoncé qu'ils ne voteraient pas le texte en l'état.
(Gérard Bon avec Gilbert Reilhac à Strasbourg, édité par Sophie Louet)