par Claude Canellas
CESTAS, Gironde (Reuters) - La plus grande centrale photovoltaïque d'Europe, d'une puissance cumulée de 300 mégawatts-crête (MWc), soit la consommation électrique annuelle de 300.000 personnes, a été inaugurée mardi à Cestas, près de Bordeaux.
Alors que la COP21 s'est ouverte à Paris, cette centrale d'une surface de 250 hectares, l'équivalent d'environ 350 terrains de football, comprend un million de panneaux, 5.000 km de câbles et 204.000 fondations vissées, et fait figure de symbole.
"C'est symbolique parce que ça montre que des initiatives privées, du 'business', peuvent aussi être une manière de répondre aux enjeux environnementaux mondiaux", a déclaré à la presse le PDG de Neoen, l'un des principaux acteurs des énergies renouvelables en France, et constructeur de la centrale.
"Le photovoltaïque aujourd'hui est une vraie énergie, pas juste une énergie d'appoint", a souligné Xavier Barbaro.
Construite en dix mois à proximité d'une ligne à très haute tension de 225.000 volts, la centrale a été raccordée au réseau par Réseau de transport d'électricité (RTE), et devrait atteindre progressivement sa pleine puissance de production.
Son concept, qui bouscule quelques habitudes, explique ses performances.
La technologie est classique mais les panneaux sont à la fois orientés vers l'Est et l'Ouest, ce qui a permis de les resserrer.
"On produit aujourd'hui sur une centrale comme celle de Cestas trois à quatre fois plus d'électricité à surface équivalente que d'autres centrales en France dont les panneaux sont tous orientés vers le Sud", explique Xavier Barbaro.
ÉLECTRICITÉ COMPÉTITIVE
L'orientation des panneaux a aussi permis de produire plus tôt le matin et plus tard le soir.
La centrale de Cestas est à ce jour la plus puissante centrale photovoltaïque d'Europe, ses 300 MWc représentant un tiers de la production d'une tranche nucléaire.
Le prix de vente de l'électricité produite est de 105 euros le MWh pendant 20 ans, ce qui en fait une des plus rentables de France.
"A l'échelle de 30-40 ans, on va livrer une électricité qui sera extrêmement compétitive, du même ordre que celle de l'éolien, en tout cas moins chère que celle des nouveaux réacteurs nucléaires, même si l'idée n'est pas d'opposer du renouvelable au nucléaire", déclare Xaver Barbaro.
Neoen a investi 360 millions d'euros à Cestas avec ses partenaires Eiffage et Schneider Electric (PA:SCHN) et continue de se développer en France en répondant aux appels d'offres lancés par le gouvernement mais aussi à l'étranger.
La centrale de Cestas est d'ailleurs une vitrine pour l'export. De nombreuses délégations étrangères sont venues la visiter, à l'image d'un groupe australien présent sur place mardi matin en marge de l'inauguration.
Elle est aussi la démonstration pour Xavier Barbaro que le photovoltaïque "peut être très économe en termes de foncier, très compétitif en termes économiques".
Il met aussi l'accent sur le fait que si les panneaux sont de fabrication chinoise, ils sont une part minoritaire de l'investissement et que l'essentiel "se joue ailleurs", à savoir dans la construction, l'ingénierie, dans les équipements électriques, les câbles et là, "il y a des champions français du photovoltaïque".
(Edité par Sophie Louet)