PARIS (Reuters) - Le Conseil national du numérique est plongé dans la crise mardi après l'annonce de la démission de sa présidente Marie Ekeland à la suite d'une polémique sur la nouvelle composition de ses membres.
Le départ de cette figure de la tech française, cofondatrice du fonds de capital-risque français Daphni et coprésidente de l'association France Digitale, pourtant très récemment désignée, ouvre une nouvelle période d'incertitude pour l'institution.
Dans la foulée de l'annonce de son départ, 25 autres membres du conseil, qui en compte 30 au total, ont annoncé leur démission collective.
Créé en 2011, le CNNum avait déjà dû affronter une vacance de sa présidence pendant plusieurs mois après le départ de Mounir Mahjoubi qui avait rejoint l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron au début de l'année 2017, et est désormais secrétaire d'Etat au numérique.
Marie Ekeland avait finalement été choisie pour diriger l'instance consultative, objet de longue date d'interrogations sur son utilité, avec pour mission de nommer une nouvelle équipe et de repenser ses missions.
L'annonce, le 11 décembre, de la composition du conseil constitué de 30 membres bénévoles a cependant suscité des critiques - émanant notamment de la députée Les Républicains Valérie Boyer - concentrées sur la désignation de la militante féministe et antiraciste Rokhaya Diallo et du rappeur Axiom.
Evoquant le "besoin de sérénité pour travailler", Mounir Mahjoubi avait demandé deux jours plus tard à Marie Ekeland de revoir sa copie.
"(...) Le projet que j’ai porté d’ouverture, d’indépendance de pensée et de diversité a été mis à l’épreuve dès le démarrage. Je ne vois pas aujourd'hui comment continuer à le porter en maintenant son essence et de bonnes chances de réussite", explique Marie Ekeland dans un message mis en ligne sur le site du Conseil national du numérique.
UNE NOUVELLE COMPOSITION DÉBUT 2018
"Venant du monde des start-up, je l’avais naturellement conçu comme disruptif, ambitieux et innovant. Sans doute trop", ajoute-t-elle.
Déplorant la violence de la polémique qui a entouré la composition du conseil, elle déplore "à quel point, dans notre pays, nous ne voulons pas entendre des voix dissonantes. À quel point nous ne savons plus débattre sereinement de nos divergences de vue".
Si elle continue de juger indispensable l'existence du CNNum pour discuter dans la durée et de façon approfondie des enjeux du numérique, elle estime cependant que "la forme actuelle de nomination et de fonctionnement du CNNum portent à confusion et ne peuvent pas garantir son indépendance".
Dans une interview au Figaro, Mounir Mahjoubi justifie sa décision.
"Il ne s'agit pas d'une association, d'un parti politique ou d'un lobby. Le CNNum doit être proche du gouvernement pour nous orienter, et le gouvernement lui fait confiance sur ces sujets", dit-il, selon des propos mis en ligne sur le site du quotidien.
"Ce n'est pas une force d'opposition, même si conseiller peut signifier dire quand ça ne va pas. C'est cet équilibre subtil qui a été cassé", ajoute-t-il, promettant une nouvelle mouture du conseil début 2018 avec "une plus grande représentativité des quartiers, de la ruralité".
(Gwénaëlle Barzic, édité par Dominique Rodriguez)