par Alastair Macdonald
BRUXELLES (Reuters) - A la faveur de complexes tractations gauche-droite, le Parlement européen a approuvé mercredi la quasi-totalité des choix de Jean-Claude Juncker en ce qui concerne la composition de sa commission.
Le futur président de l'exécutif européen n'a perdu qu'une de ses 27 recrues en la personne d'Alenka Bratusek, l'ancienne Première ministre Slovène, qu'il avait désignée au poste de vice-présidente chargée de l'énergie. Ljubliana va donc devoir lui fournir un autre candidat.
Le Hongrois Tibor Navracsics, dont la nomination à l'Education, la Culture, la Jeunesse et la Citoyenneté a été rejetée lundi par les députés, pourrait en outre être rétrogradé dans l'organigramme de la Commission, mais tous les autres ont passé l'obstacle parlementaire, y compris le Français Pierre Moscovici et le Britannique Jonathan Hill, qui n'avaient pas convaincu lors de leur première audience devant les commissions parlementaires chargées de leur confirmation.
L'équipe devrait donc pouvoir prendre ses fonctions le 1er novembre après quelques remaniements qui ne remettront pas en cause son savant équilibre entre intérêts politiques et nationaux.
Après avoir menacé en commission de rejeter plusieurs candidatures, les conservateurs du Parti populaire européen (PPE) et leurs adversaires de l'Alliance des socialistes et démocrates/Parti socialiste européen (S&D/PSE), qui seront les plus nombreux dans la prochaine législature, ont procédé dans la semaine à un véritable "échange de prisonniers".
La bataille a débuté lorsque le groupe S&D/PSE a voté contre la confirmation du conservateur espagnol Arias Canete au poste de commissaire à l'énergie et au climat. Le PPE a riposté en menaçant de recaler l'ancien ministre français des Finances Pierre Moscovici, nommé aux affaires économiques et financières, ce qui a mis en péril d'autres candidatures, comme celle du Britannique Jonathan Hill aux Services financiers et à l'union des marchés de capitaux.
MARCHANDAGE
Le marchandage droite-gauche qui a suivi a donc permis de retrouver pratiquement l'équilibre de départ, tandis que les Verts et les petits partis, dont les europhobes qui ont obtenu leurs premiers sièges lors des européennes de mai, dénonçaient des "arrangements en douce".
"Les votes d'aujourd'hui (...) démontrent notre volonté et celle de nos partenaires de former une majorité stable au sein d'un Parlement européen à même de faire en sorte que l'Union européenne oeuvre à l'intérêt de ses citoyens", se félicite l'Allemand Manfred Weber, président du groupe PPE, dans un communiqué.
Selon Gianni Pittella, son homologue du S&D/PSE, les âpres négociations menées avec Jean-Claude Juncker ont abouti à un accord sur la composition d'une commission acceptable pour le centre-gauche.
Franz Timmermans, ancien chef de la diplomatie néerlandaise issu de ce centre-gauche qui sera le premier vice-président de la Commission, a été chargé du "développement durable", ce qui a permis la confirmation de la nomination très contestée d'Arias Canete à l'énergie et au climat, a-t-il précisé.
L'affectation de Tibor Navracsics, a-t-il ajouté, devra par ailleurs être revue. La présence de l'ancien ministre hongrois de la Justice au sein de la commission a été validée mais pas sa nomination à l'Education, la culture, la jeunesse et la citoyenneté. La citoyenneté, qui recouvre les droits de l'homme, devra être confiée à quelqu'un d'autre, toujours selon Gianni Pittella.
(Jean-Philippe Lefief pour le service français)