MARSEILLE (Reuters) - La direction de la SNCM a présenté mardi en réunion de médiation un schéma d'exploitation au périmètre restreint et un volet social prévoyant plus de 800 suppressions d'emplois sur les 2.000 que compte la compagnie maritime.
Les syndicats ont dénoncé un nouveau "coup de force" de l'actionnaire majoritaire, Transdev, qui est favorable à un redressement judiciaire de l'entreprise qu'il juge "indispensable" pour sauver la compagnie en grande difficulté.
"Transdev veut imposer une marche forcée vers le redressement judiciaire, quel qu'en soit le prix et sans donner aucune garantie", a déclaré à Reuters le délégué CFE-CGC Maurice Perrin.
"C'est un plan non financé car sans repreneur, mais le coût en serait très important et aggravé par une défaillance totale des actionnaires", a-t-il ajouté.
De source syndicale, on précise que Transdev a menacé de faire jouer une clause de remboursement anticipé d'avances sur trésorerie pour accélérer une cessation de paiement de l'entreprise et demander son placement sous la protection du tribunal de commerce de Marseille.
La réunion entre partenaires sociaux, représentants de l'Etat et actionnaires de la compagnie autour du médiateur nommé par le ministère des Transports, Gilles Bélier, a duré près de six heures.
Une nouvelle réunion est programmée pour le 28 octobre.
"La médiation doit aller à son terme et le gouvernement doit faire de nouveaux arbitrages", a dit Maurice Perrin.
La Société nationale Corse Méditerranée (SNCM), qui assure notamment la liaison entre la Corse et le continent, est détenue à 66% par Transdev, coentreprise détenue à parité par Veolia et la Caisse des dépôts, à 25% par l'Etat et à 9% par ses salariés.
En plaçant la SNCM sous la protection du tribunal de commerce de Marseille, Transdev et l'Etat espèrent pouvoir se soustraire aux contentieux européens auxquels se trouve confrontée la compagnie.
La Cour de justice de l'Union européenne, rejetant les recours de la France, a confirmé le 4 septembre que la SNCM devait rembourser les aides d'Etat perçues par la compagnie maritime lors de sa privatisation.
Cette décision porte sur environ la moitié des 440 millions d'aides d'Etat que l'UE réclame à la SNCM, dont le remboursement mettrait définitivement la compagnie à terre.
Pour Transdev, comme pour le gouvernement, la solution est de placer la compagnie en redressement judiciaire afin de créer une nouvelle société, plus attractive pour un éventuel repreneur et libérée du poids des aides à rembourser.
(Jean-François Rosnoblet, édité par Danielle Rouquié)