par Kanishka Singh
(Reuters) - Hadi Matar, le suspect qui a poignardé l'écrivain Salman Rushdie lors d'une conférence dans l'État de New York, a été inculpé d'agression et de tentative de meurtre et maintenu en détention, a déclaré samedi le procureur du comté de Chautauqua.
L'auteur d'origine indienne Salman Rushdie, cible d'un "fatwa" de l'Iran en 1989 après la publication de son roman "Les versets sataniques", a été poignardé au cou et au torse lors d'une conférence vendredi. Après plusieurs heures d'opération, Rushdie a été placé sous respirateur artificiel et était incapable de parler vendredi soir.
Dans un communiqué, le procureur du comté, Jason Schmidt, a déclaré que les services de police s'efforçaient de réunir des éléments sur la préparation de l'attaque, afin de déterminer si d'autres chefs d'inculpation devaient être retenus.
La police a déclaré vendredi qu'elle n'avait pas établi le motif de l'attaque contre Salman Rushdie, 75 ans, qui devait participer à une conférence sur la liberté artistique lorsque l'agresseur s'est précipité sur la scène et s'est jeté sur le romancier. La tête de Salman Rushdie est mise à prix depuis 1989.
L'AGRESSEUR SERAIT UN SYMPATHISANT DE L'EXTRÉMISME CHIITE
La police a identifié le suspect comme étant Hadi Matar, un homme de 24 ans originaire de Fairview, dans le New Jersey, qui avait acheté un billet pour l'événement organisé à la Chautauqua Institution, dans l'ouest de l'État de New York.
Reuters n'a pas pu établir immédiatement si Hadi Matar avait un avocat.
Un examen préliminaire des comptes de médias sociaux de Hadi Matar par les forces de l'ordre a montré qu'il était un sympathisant de l'extrémisme chiite et des gardiens de la révolution islamique d'Iran (IRGC), bien qu'aucun lien définitif n'ait été trouvé, selon NBC New York.
Hadi Matar est né en Californie et a récemment déménagé dans le New Jersey, selon un article de NBC New York, qui ajoute qu'il était en possession d'un faux permis de conduire.
Vendredi soir, des agents du FBI se sont rendus à sa dernière adresse connue, à Fairview, un quartier du comté de Bergen situé juste en face de Manhattan, de l'autre côté de l'Hudson, rapporte NBC New York.
La police de New York a refusé de commenter cette information. La police du New Jersey n'a pas répondu immédiatement à une demande de commentaire.
Le gouvernement iranien n'a pas réagi officiellement à cette l'attaque contre Salman Rushdie, mais plusieurs journaux iraniens de la ligne dure ont félicité son agresseur.
Ali Tehfe, maire de Yaroun, dans le sud du Liban, a déclaré que le suspect était le fils d'un homme originaire de la ville. Les parents du suspect ont émigré aux États-Unis et il y est né et a grandi, a ajouté le maire.
À la question de savoir si le suspect ou ses parents étaient affiliés ou soutenaient le groupe Hezbollah soutenu par l'Iran au Liban, Ali Tehfe a répondu qu'il n'avait "aucune information" sur leurs opinions politiques.
Un responsable du Hezbollah a déclaré samedi à Reuters que le groupe armé libanais soutenu par l'Iran ne disposait d'aucune information supplémentaire sur l'attaque contre Salman Rushdie.
L'agression au couteau a été condamnée par des écrivains et des hommes politiques du monde entier qui y voient une atteinte à la liberté d'expression.
(Reportage Kanishka Singh à Washington; avec la contribution de Timour Azhari à Beirout; version française Jean-Michel Bélot)