PARIS (Reuters) - Le député à la fibre écologiste Matthieu Orphelin a annoncé mercredi son départ du groupe La République en marche (LaRem), une "décision lourde de sens" qu'il justifie par le manque d'ambition de la majorité quant aux "enjeux climatiques, écologiques et sociaux" et par des "choix du gouvernement".
Ce proche de Nicolas Nicolas en a fait l'annonce dans un courrier électronique adressé aux membres de son ex-groupe au lendemain du vote en première lecture, à l'Assemblée nationale, de la proposition de loi controversée dite "anti-casseurs".
"Je pars après avoir fait tout mon possible depuis que j'ai rejoint l'aventure En marche, dès janvier 2017, pour que nous réussissions ensemble à porter haut l'écologie", écrit-il à ses anciens collègues dans ce message que Reuters a pu consulter.
Deux ans plus tard, "il est impossible pour moi de ne pas mesurer l'écart qu'il nous reste à combler pour être à la hauteur des enjeux climatiques, écologiques et sociaux", ajoute-il, en déplorant un "échec collectif" dû à des "logiques budgétaires et d'arbitrage politiques de court terme".
Cet aveu d'impuissance fait écho à celui formulé par Nicolas Hulot lorsque celui-ci a démissionné avec fracas du ministère de la Transition écologique, fin août.
Dans son courrier, l'élu du Maine-et-Loire met aussi en avant "certains choix politiques du gouvernement - souvent non prévus dans le projet présidentiel", qui lui "semblent contradictoires avec l'idée de plus de justice fiscale".
Il invoque également "les valeurs communes", "l'égalité et la lutte contre toutes les formes de discriminations" et le "respect des libertés fondamentales et des droits humains" sans entrer dans le détail.
Mardi, il s'est abstenu lors du vote de la loi "anti-casseurs", à l'origine du malaise de toute une partie de la majorité.
Au total, 50 députés LaRem ont refusé de souscrire à cette proposition de loi qui, aux yeux de ses détracteurs, restreint la liberté de manifester au nom de la lutte contre les violences dans les cortèges.
LaRem, touchée par des défections au compte-gouttes depuis 2017, n'en conserve pas moins une majorité confortable avec désormais 306 députés sur 577. Ils étaient 314 au début de la législature.
Parmi les partants figurent Jean-Michel Clément, qui a claqué la porte après l'adoption de la loi sur l'asile et l'immigration, l'an dernier, et Sébastien Nadot, qui a fait de même en décembre pour exprimer son désaccord avec le projet de loi de finances 2019.
(Elizabeth Pineau avec Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)