PARIS (Reuters) - Jean-Yves Le Drian, ex-pilier du Parti socialiste, a annoncé jeudi qu'il quittait cette formation, avec laquelle il avait déjà pris ses distances pour rallier Emmanuel Macron pendant la campagne pour l'élection présidentielle de 2017.
Le ministre des Affaires étrangères a déclaré sur CNews qu'il ne participerait pas à l'élection du nouveau patron d'un PS à la dérive depuis la fin du quinquennat de François Hollande, poste pour lequel quatre candidats sont en lice.
"Le responsable du PS aujourd'hui, c'est M. Rachid Temal. Il a déclaré il y a peu de temps, 'aucun ministre ne pourra voter', il a déclaré, 'il n'y a aucun socialiste au gouvernement'. Donc j'en prend acte, c'est-à-dire que je me retire", a-t-il dit.
L'ancien ministre de la Défense de François Hollande a rappelé qu'il avait été membre du PS depuis 1974, et qu'il avait remporté sous sa bannière 13 victoires électorales.
"Je me retire avec émotion, avec fierté mais aussi avec déception parce que lorsque je vois en Allemagne près de 70% des socialistes décidés à soutenir le compromis politique pro-européen que propose Mme Merkel (...) et que je vois en France le PS (...) se replier dans une opposition sectaire et stérile, oui c'est de la déception", a-t-il expliqué.
Il a estimé que son engagement auprès d'Emmanuel Macron était dans la logique de son engagement politique depuis 1974.
"J'estime aujourd'hui que la manière d'avancer vers l'Europe, la manière de transformer notre pays, c'est auprès d'Emmanuel Macron qu'il faut le faire", a-t-il ajouté. "Et je regrette que le PS se replie aujourd'hui dans des convictions qui sont à mon sens dépassées."
HIDALGO ET MOSCOVICI RESTENT AU PS
Il a précisé que cela ne signifiait pas nécessairement qu'il rejoindrait La République en Marche, le parti du chef de l'Etat, mais qu'il était bel et bien dans la majorité présidentielle.
"J'ai compris que les socialistes étaient désormais totalement dans l'opposition, je le regrette", a-t-il conclu.
Un autre ex-socialiste, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, proche de la première heure d'Emmanuel Macron, a estimé sur LCI que le départ de Jean-Yves le Drian du PS était un "cheminement assez logique".
Deux autres figures du PS ont en revanche fait savoir jeudi qu'elles restaient au parti, tout en prenant leurs distances.
La maire de Paris, Anne Hidalgo, a déclaré à France Inter qu'elle s'était posé la question "depuis longtemps".
"J'ai fait le choix de rester (...) mais de rester à une distance, avec toute ma liberté et de parole et d'action", a-t-elle ajouté, précisant qu'elle n'avait "aucune inclinaison" pour un des candidats à la direction du PS et ne voterait pas.
Le commissaire européen à l'Economie et aux Finances, Pierre Moscovici, a pour sa part dit à BFMTV et RMC qu'il voterait pour Olivier Faure, qui lui semblait avoir "la personnalité la plus ouverte", tout en souhaitant que le PS se rassemble et "se remette au travail".
(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)