par Sarah N. Lynch
WASHINGTON (Reuters) - Les agents du FBI ayant mené cette semaine une perquisition au domicile floridien de Donald Trump ont saisi des documents classifiés, dont certains classés secret défense, que l'ancien président américain avait emportés illégalement avec lui en quittant la Maison blanche, a annoncé vendredi le département de la Justice.
Le département de la Justice a déclaré au juge fédéral Bruce Reinhart, qui a signé le mandat de perquisition, qu'il a de bonnes raisons de penser que Donald Trump s'est rendu coupable de violation l'Espionage Act, une loi fédérale adoptée en 1917 qui interdit la possession ou la transmission d'informations susceptibles de nuire aux opérations militaires américaines ou de bénéficier aux ennemis des Etats-Unis.
Le mandat, dont les scellés ont été levés vendredi à la demande d'un juge fédéral, indique que les agents du FBI ont emporté une vingtaine de cartons contenant des documents, dont certains classifiés, des albums-photos ainsi que la lettre manuscrite par laquelle Donald Trump avait accordé sa grâce présidentielle à son ancien associé Roger Stone.
Les documents saisis par le FBI dans la résidence floridienne de Mar-a-Lago comprennent également des informations sur "le président de la France", Emmanuel Macron, indique le document judiciaire.
Contacté par Reuters, l'Elysée n'a pas souhaité faire de commentaire sur ces "informations" qui auraient été en possession de Donald Trump.
L'ancien président américain ne s'est pas opposé à ce que le contenu du mandat de perquisition soit rendu public. Il a en revanche démenti vendredi que les agents fédéraux aient été à la recherche de documents liés aux armes nucléaires des Etats-Unis, comme l'a rapporté jeudi le Washington Post.
"Cette histoire d'armes nucléaires est un canular", a-t-il réagi sur Truth Social, le réseau social qu'il a créé. Donald Trump a estimé que ces informations étaient à mettre au même rang que les controverses concernant ses liens avec Moscou et les deux procédures d'impeachment engagées contre lui.
La perquisition s'est inscrite dans le cadre d'une enquête sur des documents que Donald Trump aurait illégalement emportés avec lui hors de la Maison blanche au moment de la fin de son mandant, en janvier 2021. Jamais le domicile d'un ex-locataire de la Maison blanche n'avait jusque-là été perquisitionné.
Merrick Garland, nommé par Joe Biden, le successeur démocrate de Donald Trump, avait indiqué jeudi au cours d'une conférence de presse avoir approuvé personnellement la perquisition.
"Le département ne prend pas une telle décision à la légère", a-t-il dit, ajoutant que des moyens moins intrusifs étaient d'ordinaire préférés lorsque cela était possible.
Cette confirmation est très inhabituelle, alors que les représentants des forces de l'ordre n'évoquent généralement pas des enquêtes en cours, afin notamment de protéger les droits des personnes.
Fait inhabituel, également, c'est Donald Trump lui-même qui a annoncé lundi soir que sa résidence était fouillée par des agents du FBI, accusant Joe Biden de se livrer à une vengeance politique.
(Reportage Sarah N. Lynch et Karen Freifeld, avec Andy Sullivan, David Morgan, Mike Scarcella, Kanishka Singh, Eric Beech, Steve Holland et Dan Whitcomb; version française Nicolas Delame et Tangi Salaün)