PARIS (Reuters) - Le gouvernement est sorti renforcé dimanche du premier tour des élections législatives qui ont conforté la stratégie de recomposition du paysage politique d'Emmanuel Macron en passe d'obtenir une majorité claire pour mener à bien ses réformes.
Selon les premiers résultats, les six ministres qui jouaient leur maroquin dans ce scrutin se sont qualifiés pour le second tour et cinq d'entre eux sont en ballottage favorable : Bruno Le Maire (Economie), Christophe Castaner (Relations avec le Parlement), Richard Ferrand (Cohésion), Marielle de Sarnez (Affaires européennes) et Mounir Mahjoubi (Numérique).
"Malgré l'abstention, le message des Français est sans ambiguïté", a estimé le Premier ministre Edouard Philippe au Havre (Seine-Maritime). "Pour la troisième fois consécutive, vous avez été des millions à confirmer votre attachement au projet de renouvellement, de rassemblement et de reconquête du président de la République".
"Dimanche prochain, l'Assemblée nationale incarnera le nouveau visage de notre République, une République forte, une République rassemblée, une République attentive aux besoins de chacun, la République française", a-t-il ajouté.
Le chef du gouvernement a prévenu le 17 mai que les ministres qui seraient battus aux législatives devraient démissionner et n'a pas exclu la nomination, à l'issue du scrutin, de nouveaux secrétaires d'Etat au sein du gouvernement qui compte actuellement 22 membres.
Un mois après une présidentielle qui a bouleversé le paysage politique français, les élections législatives ont achevé cette recomposition, cette fois au sein de l'Assemblée nationale.
Selon les premières projections, les candidats de la République en Marche (LREM) devraient remporter dimanche prochain quelque 400 sièges, soit nettement plus que la majorité (289), au sein de la chambre basse du Parlement.
LÉGITIMITÉ "PAS A PAS"
"Au fond, le président de la République aura pas à pas conquis sa légitimité dans le pays", souligne le politologue Stéphane Rozès, président de CAP. "Le pays a consenti à donner à Emmanuel Macron une majorité, non pas tant par l'ampleur du vote en sa faveur que par le fait que ceux qui auraient pu voter pour une autre formation sont restés chez eux".
En plus des ministres issus de la droite qui ont bénéficié de leur ralliement à Emmanuel Macron, les députés sortants qui avaient décidé de rejoindre la majorité présidentielle, à l'image de l'ex-écologiste François de Rugy en Loire-Atlantique, ou qui ont reçu le soutien implicite de LREM, comme Yves Jégo en Seine-et-Marne, arrivent en tête du scrutin.
"Les électorats ne sont pas captifs, les électorats bougent, les hommes politiques qui savent accompagner ces mouvements sont ceux qui arrivent à tirer leur épingle du jeu", souligne Stéphane Rozès.
Loin d'être une surprise - les sondages de ces dernières semaines plaçaient tous les candidats sous étiquette majorité présidentielle en tête - , le score de LREM place Emmanuel Macron en bonne voie pour remporter son pari : obtenir une majorité absolue avec une formation créée il y a tout juste un an.
Une nécessité pour le chef de l'Etat qui s'est engagé lors de la campagne présidentielle à mener une série de réformes économiques et institutionnelles au cours de son quinquennat.
Certaines, notamment l'épineuse réforme du code du travail et celle concernant la législation antiterroriste, font d'ores et déjà l'objet de contestations, dans les rangs de l'opposition et des syndicats.
MAJORITÉ A DOUBLE TRANCHANT?
"L'essentiel sur la question du travail c'est d'aller vite et je crois que les Français ce soir par leur vote ont montré massivement leur volonté d'aller vite sur les sujets majeurs", a estimé le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner sur TF1 (PA:TFFP).
Ce raz-de-marée parlementaire pourrait toutefois, selon des observateurs, se révéler à double tranchant.
Avec une opposition réduite à peau de chagrin au sein de l'hémicycle, le couple exécutif pourrait voir se déplacer le mouvement de contestation dans la rue et être confronté à un troisième tour social.
Le gouvernement n'est également pas à l'abri de nouveaux rebondissements dans l'affaire Ferrand et dans les soupçons d'emplois fictifs du MoDem au Parlement européen, qui pèsent sur plusieurs ministres issus du rang de la formation centriste.
"Le résultat du premier tour, aussi bon soit-il, doit nous inviter à l'humilité et à la responsabilité", a indiqué Catherine Barbaroux, présidente de La République en marche, lors d'une allocution au QG du parti à Paris.
(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)