par Nicklas Pollard
STOCKHOLM (Reuters) - Le prix Nobel de physique 2014 a été attribué mardi aux Japonais Isamu Akasaki et Hiroshi Amano et à l'Américain d'origine japonaise Shuji Nakamura, inventeurs de la diode électroluminescente (LED), source d'éclairage durable et plus économe en énergie.
"Avec l'avènement des ampoules LED, nous disposons désormais d'alternatives plus durables et plus efficaces aux anciennes sources de lumière", a dit l'Académie royale des sciences suédoise dans un communiqué attribuant le prix doté de huit millions de couronnes suédoises (880.000 euros).
"Puisqu'un quart environ de la consommation d'électricité dans le monde est utilisée à des fins d'éclairage, les LED contribuent à économiser les ressources de la Terre", ajoute-t-elle.
En créant des diodes bleues au début des années 1990, Isamu Akasaki, né en 1929, et Hiroshi Amano, né en 1960, tous deux professeurs à l'université de Nagoya, et Shuji Nakamura, né en 1954 et professeur à l'université de Californie à Santa Barbara, ont "réussi là où tout le monde avait échoué".
Les diodes rouges et vertes existaient déjà depuis une cinquantaine d'années, mais sans y adjoindre une lumière bleue, il n'était pas possible de créer de la lumière blanche. "Seule la triade de rouge, vert et bleu peut produire cette lumière blanche qui nous éclaire", explique l'Académie, évoquant par conséquent une "invention révolutionnaire".
"Les ampoules à incandescence ont éclairé le XXe siècle, le XXIe siècle sera éclairé par les lampes LED", souligne le comité.
"C'est incroyable", a déclaré Shuji Nakamura, contacté par téléphone dans le milieu de la nuit.
MARCHÉ EN PLEINE EXPANSION
Colin Humphreys, de l'université de Cambridge, qui travaille sur les prochaines générations de lampes LED, a qualifié de remarquable la création de diodes bleues par les trois scientifiques.
"La création des lampes LED a ouvert la voie au développement de systèmes d'éclairage lumineux, rentables et écoénergétiques", a-t-il dit.
A l'inverse de l'an dernier, quand le Nobel de physique avait récompensé le Britannique Peter Higgs et le Belge François Englert pour avoir indépendamment postulé en 1964 l'existence du boson dit "de Higgs", présenté comme la "clef de l'univers", les travaux couronnés cette année sont d'application directe dans la vie quotidienne.
Les LED, qu'on retrouve aussi dans les phares de voiture, durent dix fois plus longtemps que les ampoules fluorescentes et 100 fois que les ampoules classiques à incandescence. Ils sont également utilisés comme source de lumière pour les écrans d'ordinateurs et de smartphones.
Cette technologie a bouleversé l'industrie. General Electric, l'un des principaux acteurs du secteur, estime que les lampes LED représenteront 70% du marché en 2020, contre 18% en 2012.
Le Nobel de physique est le deuxième prix attribué cette année, après celui de médecine décerné lundi à trois neuro-scientifiques - l'Anglo-Américain John O'Keefe et les époux norvégiens May-Britt et Edvard Moser - pour leurs travaux sur le "GPS" du cerveau qui ouvre de nouvelles perspectives pour mieux connaître certaines maladies dégénératives, comme la maladie d'Alzheimer.
Suivront les prix de chimie (mercredi), de littérature (jeudi), de la paix (vendredi) et d'économie (lundi prochain).
(avec Ben Hirschler à Londres; Tangi Salaün, Henri-Pierre André et Clémence Apetogbor pour le service français)