PARIS (Reuters) - Le président du Sénat, en désaccord avec l'exécutif sur le délicat projet de révision constitutionnelle, a déclaré dimanche qu'il militerait pour une dose de proportionnelle pour les élections des députés "la plus mesurée possible", soit 10%.
"La question de la proportionnelle sur le fond (...) je n'y suis pas favorable pour les députés parce que le fait majoritaire repose sur le scrutin majoritaire et la Ve République repose là-dessus", a déclaré Gérard Larcher (Les Républicains) au 'Grand Rendez-vous' Europe 1, Les Echos, CNews.
"Je militerai pour une proportionnelle qui soit la plus mesurée possible pour ne pas nous conduire au spectacle auquel nous avons assisté en Allemagne", a-t-il ajouté en référence aux négociations difficiles qui ont permis mercredi de reconduire Angela Merkel à la tête du gouvernement allemand dans une position affaiblie.
A la question de savoir quelle dose de proportionnelle serait raisonnable selon lui, il a répondu: "j'ai une tentation plutôt vers 10%".
Aujourd'hui, les députés sont élus au scrutin majoritaire. Une dose de proportionnelle permettrait plutôt d'attribuer des sièges en fonction du nombre de voix. Selon Gérard Larcher, "plus de 70% des sénateurs sont élus à la proportionnelle".
Le président de l'Assemblée nationale, François de Rugy, a fait savoir en janvier qu'il souhaitait que 100 députés sur 400 - après réduction du nombre de députés - soient élus de cette façon.
Le projet de révision constitutionnelle du gouvernement prévoit, en plus de l'introduction d'une dose de proportionnelle aux élections législatives, la réduction du nombre de parlementaires et le non-cumul des mandats dans le temps.
"LES PILIERS NE PLIERONT PAS"
Le couple exécutif, qui doit obtenir une majorité des trois cinquièmes du Parlement pour adopter la réforme, a prévenu qu'en cas de blocage de l'opposition - notamment au sein d'un Sénat à majorité de droite-, il pourrait avoir recours au référendum tout en précisant que cette option n'avait pas sa préférence.
Gérard Larcher, qui n'avait pas mâché ses mots en janvier contre le projet du gouvernement et avait fait de la réduction du nombre de parlementaires et de la question du non-cumul des lignes rouges, est resté ferme sur ses positions.
"On peut avoir des points de débats. Mais (..) quels seront les points sur lesquels les piliers ne plieront pas?" a-t-il dit, "C'est notamment le parlement et le territoire".
Selon lui, "un exécutif fort ne doit pas avoir peur d'un parlement fort".
Il a répété son attachement à l'idée d'avoir un député par département afin d'"éviter d'avoir une France qui se sent abandonnée, fracturée".
Pour le non-cumul des mandats, il estime qu'il "faut d'abord dialoguer". "Moi Le seul baromètre pour un démocrate, c'est le suffrage universel, c'est le choix des citoyens (...). Si on doit se poser des questions, il faut d'abord qu'on ait un débat sur ce sujet fondamental", a-t-il précisé.
Le Premier ministre Edouard Philippe, qui a achevé mercredi dix jours de consultations sur son projet de réforme rendra ses conclusions lundi à Emmanuel Macron.
La ministre auprès du ministre de l'Intérieur, Jacqueline Gourault, a assuré dimanche qu'avec cette réforme, les députés ne seraient pas plus éloignés du terrain. "Il y a des députés, sénateurs qui ont toujours une démarche de proximité", a-t-elle dit sur France 3.
Le Modem, parti auquel elle appartient, avait accepté de se rallier à Emmanuel Macron pendant les élections présidentielles de 2017, sur la promesse de l'exécution de ce projet.
Concernant la dose de proportionnelle, "nous sommes plutôt sur un chiffre qui soit proche de 25%", a-t-elle ajouté. "Nous plaidons pour que la proportionnelle soit un nombre qui soit suffisamment représentatif dans notre pays".
(Caroline Pailliez, édité par Nicolas Delame)