PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron exclut un report de plusieurs années du projet d’Hinkley Point, comme le réclament les syndicats d’EDF, et assure dans une interview au Journal du Dimanche que cet investissement pourra être confirmé en septembre.
"Le président de la République a confirmé l’engagement de la France. La décision finale d’investissement pourra être confirmée en septembre prochain", déclare le ministre de l'Economie au sujet du projet coûteux d'EPR britannique.
"Comme je l’ai dit aux syndicats, il y a trois préalables à la décision finale. D’abord, assurer la trajectoire financière d’EDF, ce que le Premier ministre vient d’acter. Ensuite, décider en bonne gouvernance, par la consultation des salariés. Enfin, prendre les mesures nécessaires à la maîtrise opérationnelle de ce projet majeur", précise-t-il.
A la question de savoir s’il fallait ou non repousser de quelques années ce projet qui a exacerbé les tensions au sein d’EDF, Emmanuel Macron répond au JDD: "Non, car il faudrait renégocier l’ensemble des contrats. Et le nouveau modèle de réacteur ne sera pas opérationnel avant 2030."
"Les Britanniques ne peuvent pas attendre, sinon ils choisiront nos concurrents", insiste-t-il.
EDF (PA:EDF), contrôlé à près de 85% par l’Etat français, a annoncé vendredi qu’il reportait sa décision d’investir dans la construction de deux réacteurs nucléaires de type EPR à Hinkley Point, le temps de consulter les syndicats.
Le groupe a parallèlement annoncé une série de mesures pour renforcer sa structure financière, dont une augmentation de capital de quatre milliards d'euros à laquelle l’Etat participera à hauteur de trois milliards.
Le ministre indique à ce propos que l’Etat prévoit d’autres cessions dans son portefeuille de participations.
"L’État dispose de participations qui ont un caractère plus ou moins stratégique. Nous venons de lancer les privatisations des aéroports de Nice et Lyon. Il y aura d’autres opérations et les recettes seront utilisées pour le désendettement de l’État et pour nos investissements", dit-il.
Emmanuel Macron note par ailleurs que la France dispose d'une plus-value potentielle de plusieurs centaines de millions d'euros grâce à son entrée au capital de PSA Peugeot (PA:PEUP) Citroën au début 2014 lors du renflouement financier du groupe automobile. L'État français avait alors investi 800 millions d'euros pour acquérir 14% du capital.
"Je constate que l'État a réalisé une très belle opération industrielle et financière sur PSA. Nous avons permis le redressement du constructeur et nous sommes en plus-value de plusieurs centaines millions d'euros sur notre participation de 14 %", dit le ministre. Alors que le JDD remarque que l'Etat, actionnaire principal d’Orange, a refusé de descendre au capital de l’opérateur télécoms historique lors des récentes discussions sur Bouygues (PA:BOUY) Telecom, Emmanuel Macron met en avant le caractère stratégique de l'entreprise et la défense des intérêts de l’Etat : "Sur Orange, nous avons une préoccupation patrimoniale comme actionnaire et sectorielle comme régulateur pour l’investissement dans les infrastructures télécoms".
(Dominique Rodriguez, édité par Simon Carraud)