par Dan Whitcomb
NEW YORK (Reuters) - L'homme soupçonné d'avoir tué huit personnes mardi au volant d'une camionnette sur une piste cyclable de New York a travaillé comme chauffeur et a vécu dans le New Jersey après avoir émigré d'Ouzbékistan il y a sept ans.
Lors d'une conférence de presse, le chef adjoint de la police de New York, John Miller, a confirmé mercredi qu'il s'agit de Sayfullo Saipov, un homme de 29 ans arrivé sur le territoire des Etats-Unis en mars 2010.
Il semble avoir agi au nom du groupe Etat islamique (EI), a ajouté Miller, mentionnant la découverte de notes écrites en arabe dans le véhicule affirmant que l'EI "résistera toujours".
Selon CNN et d'autres médias, Saipov a crié "Allah Akbar" ("Dieu est le plus grand" en arabe) après avoir sauté de son véhicule à la fin du carnage, avant d'être blessé par balle par un policier.
Il ne faisait pas l'objet d'une enquête, a indiqué John Miller.
CAMIONNEUR PUIS CHAUFFEUR UBER
Né en février 1988, Sayfullo Saipov est arrivé aux Etats-Unis il y a sept ans en provenance d'Ouzbékistan. Il semble qu'il ait habité dans l'Ohio, en Floride et dans le New Jersey.
Un migrant ouzbek qui l'a rencontré en Floride il y a quelques années a déclaré au New York Times qu'il avait été camionneur en Floride avant de devenir chauffeur pour la plateforme Uber quand il a déménagé dans le New Jersey.
Selon le quotidien new-yorkais, Saipov vivait à Paterson, une ville industrielle du New Jersey située à une quarantaine de kilomètres du lieu de l'attaque. La police new-yorkaise a précisé mercredi que le suspect avait loué le véhicule dans un magasin de bricolage Home Depot à Passaic, une commune au sud de Paterson, une heure seulement avant son passage à l'acte.
Sayfullo Saipov était également connu des services de police pour une série d'infractions au code de la route, selon la presse et des documents judiciaires.
"IL VIVAIT DANS SON PROPRE MONDE"
Joint par téléphone, un de ses compatriotes qui dit avoir discuté pour la dernière fois avec lui il y a deux mois a affirmé qu'il s'était intéressé à la religion après son arrivée aux Etats-Unis.
"Il est devenu religieux sur un coup de tête", a ajouté Mirrakhmat Muminov, un chauffeur routier établi à Stow, dans l'Ohio, actif au sein de la communauté ouzbèke aux Etats-Unis. "Il s'est mis à étudier la religion aux Etats-Unis."
Saipov, a-t-il ajouté, a vécu deux à trois ans à Stow, où les deux hommes se sont rencontrés.
Il vivait auparavant à Tachkent, la capitale de l'Ouzbékistan, ancienne république soviétique d'Asie centrale où la pratique de l'islam est strictement contrôlée par les autorités qui redoutent l'émergence de mouvements musulmans radicaux.
Le portrait que Muminov dresse de lui est celui d'un homme ayant du mal à s'intégrer aux Etats-Unis, ayant peu d'amis et s'exprimant mal en anglais. "Il était en retrait, nerveux, parfois agressif. Parce qu'il était seul, il vivait dans son propre monde et n'était pas très populaire", dit-il.
Dans un message de condoléances adressé à Donald Trump, le président ouzbek Shavkat Mirziyoyev a indiqué que son pays était prêt à mobiliser "toutes ses ressources" pour aider les enquêteurs américains.
Des ressortissants ouzbeks ont été impliqués dans trois précédents attentats cette année: l'attaque contre une boîte de nuit d'Istanbul qui a fait 39 morts dans le nuit du Nouvel An, l'attentat à la bombe contre le métro de Saint-Pétersbourg où 14 personnes au moins ont été tuées en avril et, le même mois, l'attaque au camion-bélier dans un quartier piéton de Stockholm, fatale à quatre personnes.
(Avec David DeKok à Harrisburg en Pennsylvanie, Mark Hosenball à Washington, Mukhammadsharif Mamatkulov à Tachkent et Olzhas Auyezov à Almaty; Danielle Rouquié et Henri-Pierre André pour le service français)