STRASBOURG (Reuters) - Strasbourg renouera samedi avec son histoire en lançant une ligne de tramway sur le Rhin pour rejoindre Kehl, sa voisine allemande, donnant ainsi un coup d’accélérateur au développement à 360 degrés de l’agglomération.
Une première liaison par tramway entre Strasbourg et Kehl a fonctionné de 1897 à 1918, quand les deux villes étaient allemandes, avant d’être brièvement réactivée de 1942 à la fin de la seconde guerre mondiale, durant l’annexion de l’Alsace au IIIe Reich.
"Ce sera un événement historique", déclarait récemment le maire socialiste de Strasbourg, Roland Ries, lors d’une conférence de presse, en insistant sur le message politique, "à l’heure où certains veulent fermer les frontières et construire des murs".
"Un moment historique", avait renchéri Toni Vetrano, maire CDU (chrétien démocrate) de Kehl en évoquant "un symbole de la coopération franco-allemande" mais aussi "une nécessité" eu égard aux échanges déjà existants entre les deux communes.
Toutes les quatorze minutes, un tramway assurera désormais, une liaison directe entre le centre de Kehl et celui de Strasbourg.
Le « symbole », qui prolonge jusqu’à la gare de Kehl une ligne existante de la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS), ne mesure que 2,7 kilomètres, dont 975 mètres en terre allemande, mais a nécessité la construction de deux ponts, dont un sur le Rhin, et trois ans de travaux. La ligne gagnera 1,2 kilomètre supplémentaire d’ici 2018 pour mener les passagers jusqu’à l’hôtel de ville de la cité badoise.
Au terme des travaux, il en aura coûté 120 millions d’euros, dont 3,25 millions d’euros apportés par l’Union européenne, le solde étant réparti entre les deux collectivités, au prorata du kilométrage de voies installé sur leur sol.
Les deux collectivités attendent, dans un premier temps, un trafic annuel de 2,5 millions de passagers, soit plus du double du trafic de la ligne d’autobus à laquelle il se substitue.
Alors que l’Eurométropole de Strasbourg, avec ses trente-trois communes, pèse près de 490.000 habitants (280.000 pour Strasbourg), Kehl et ses villages rattachés en comptent 36.000.
Les flux se sont intensifiés ces dernières années, surtout d’ouest en est, les Strasbourgeois étant attirés par les emplois plus nombreux et les prix plus bas outre-Rhin.
Une étude réalisée en 2012 montrait que les français représentaient 40 à 45% de la clientèle des commerces de Kehl.
(Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse)