VARSOVIE (Reuters) - Les conservateurs polonais du parti Droit et Justice (PiS) détiennent la majorité absolue dans le Parlement issu des élections législatives de dimanche, dont les résultats définitifs ont été diffusés mardi.
Le parti de Jaroslaw Kaczynski et de Beata Szydlo, sa candidate au poste de Premier ministre, a remporté 37,6% des voix, soit 235 des 460 sièges de la nouvelle assemblée.
Depuis la fin du communisme, en 1989, aucune formation n'avait décroché seule la majorité absolue au Sejm, la chambre basse du Parlement.
La Plate-forme civique (PO, droite libérale), au pouvoir depuis huit ans, n'obtient elle que 24,1% des voix, très loin de son score d'il y a quatre ans, quand elle avait décroché 39% des voix. Elle ne dispose plus que de 138 sièges.
Trois autres partis dépassent les 5% nécessaires pour obtenir une représentation parlementaire: Kukiz'15, la formation anti-système dirigée par la rock-star Pawel Kukiz qui est créditée de 8,8% des voix (42 élus), les libéraux de Nowoczesna à 7,6% (28 élus) et le Parti paysan (PSL) qui obtient 5,1% (16 élus).
En revanche, et c'est aussi une première depuis 1989, aucun parti de la gauche, dont l'Alliance de la gauche démocratique (SLD) qui avait réuni un peu plus de 8% des voix en 2011, ne siégera dans la future assemblée.
VIRAGE EUROSCEPTIQUE
La victoire du PiS, inscrite dans la victoire en mai dernier de son candidat à l'élection présidentielle, Andrzej Duda, et annoncée par les instituts de sondage mais pas avec une telle ampleur, marque un virage vers le nationalisme et l'euroscepticisme de ce pays de 38 millions d'habitants qui n'appartient pas à la zone euro.
Elle dessine également des relations tendues entre Varsovie et ses principaux partenaires européens alors que le PiS a notamment mené campagne contre la redistribution à l'échelle européenne des migrants et réfugiés qui arrivent en Europe après avoir franchi la Méditerranée.
Sur le plan de la politique économique, Droit et Justice entend aussi accroître le contrôle de l'Etat sur l'économie, taxer les banques et stopper les privatisations. Il veut aussi ramener de 67 à 65 ans l'âge légal du départ à la retraite et mener une politique budgétaire et monétaire de relance de l'économie.
Mardi, l'agence de notation Moody's a estimé que la victoire du PiS risquait de fragiliser son statut de "place accueillante" pour les investisseurs et constituait un événement négatif dans l'évaluation de sa note de crédit.
Si la Pologne a connu une croissance soutenue, malgré la crise financière mondiale de 2008, d'importantes inégalités territoriales subsistent. Au cours de la campagne, le parti de Jaroslaw Kaczynski et de Beata Szydlo a su exploiter cette croissance inéquitablement partagée.
(Agnieszka Barteczko et Marcin Goettig; Henri-Pierre André pour le service français)