PARIS (Reuters) - L'Assemblée nationale, le Sénat et le Premier ministre français se sont unanimement élevés mardi contre les violences de toutes sortes commises ces dernières semaines en marge de la crise des "Gilets jaunes", notamment à l'encontre des élus.
Selon des sources parlementaires, plus de 80 députés, dont une soixantaine de la majorité, ont subi diverses agressions - allant des menaces sur les réseaux sociaux à la dégradation de leur permanence, voire de leur domicile - parallèlement au mouvement de colère qui secoue la France depuis la mi-novembre.
La semaine dernière, la maison bretonne du président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand a subi une tentative d'incendie volontaire, provoquant vendredi l'indignation de toute la classe politique.
"L’ensemble des présidents des groupes politiques de l’Assemblée nationale condamnent unanimement, et avec la plus grande fermeté, les actes de violences, d’intimidations et les dégradations commises à l’encontre des représentants de la Nation", écrivent-ils dans un communiqué commun publié à l'issue de la conférence hebdomadaire des présidents.
Les huit chefs de file - Gilles Le Gendre (La République en marche), Christian Jacob (Les Républicains), Patrick Mignola (Mouvement démocrate), Jean-Christophe Lagarde (UDI, Agir et indépendants), Valérie Rabault (Socialistes), Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) André Chassaigne (Gauche démocrate et républicaine) et Philippe Vigier (Libertés et territoires) - ont accompagné Richard Ferrand lors de l'entrée dans l’hémicycle, entre deux haies de gardes républicains, juste avant la séance de questions au gouvernement.
PRÈS DE 1.800 CONDAMNATIONS PRONONCÉES
"Ces actes inacceptables portent atteinte à la République et à la démocratie tout comme les actes de racisme et d'antisémitisme radicalement contraires aux valeurs de la République (et) que nous ne tolérerons jamais", a déclaré Richard Ferrand devant ses collègues.
Presqu'au même moment au Sénat, le président (Les Républicains) Gérard Larcher lui a fait écho en affirmant que "rien ne justifie le recours à violence".
"Attaquer des hommes et des femmes qui investissent une grande partie de leur vie dans la défense de l'intérêt général et qui s'engagent au service de leurs concitoyens, c'est nier la démocratie et c'est malmener la République", a conclu le président du Sénat, sous les applaudissements de l'hémicycle.
A l'Assemblée, le Premier ministre a quant à lui appelé "l'ensemble de notre pays à dire son indignation" face aux violences commises contre les symboles de la République, les forces de l'ordre, les élus ou encore les journalistes.
"Tout cela dessine quelque chose que le peuple français regarde (...) avec consternation. Le peuple français n'accepte pas cette mise en cause de la République et de la démocratie", a affirmé Edouard Philippe.
"Certes ceux qui s'expriment soit en hurlant soit sournoisement, la nuit, en dessinant tel ou tel graphe, sont peut-être plus audibles ou plus visibles que le peuple français dans son ensemble. Mais ma conviction c'est que le peuple français n'accepte pas cette façon d'envisager notre République, notre pays, notre histoire, notre vie en commun", a-t-il dit.
Au total, 1.796 condamnations ont selon lui été prononcées par la justice depuis le début du mouvement des "Gilets jaunes" et 1.422 personnes sont encore en attente de jugement. Plus de 1.300 comparutions immédiates ont été organisées et 316 personnes ont été placées sous mandat de dépôt, a encore détaillé le chef du gouvernement.
(Elizabeth Pineau avec Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)