PARIS (Reuters) - Le gouvernement est appelé à définir une stratégie plus volontariste de lutte contre les perturbateurs endocriniens, des agents chimiques omniprésents dans la vie quotidienne et soupçonnés de provoquer des maladies graves, dans un rapport rendu public vendredi.
Les auteurs du document, issus de trois organismes officiels, soulignent les effets potentiellement néfastes de ces substances décelables dans de nombreux produits de consommation courante, notamment dans les cosmétiques et l'alimentation.
"Un certain nombre d'affections de la santé humaine sont aujourd'hui suspectées d'être la conséquence d'une exposition aux perturbateurs endocriniens : baisse de la qualité du sperme, augmentation de la fréquence d'anomalies du développement des organes ou de la fonction de reproduction, abaissement de l'âge de la puberté", est-il écrit.
Le gouvernement a décidé en 2014 d'agir pour en limiter les effets mais, si cette stratégie s'est révélée "opportune", elle a aussi montré des limites, peut-on lire dans le rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), du Conseil général de l'Environnement et du Développement durable (CGEDD) et du Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER).
"Sa mise en oeuvre a souffert de l'absence d'un plan d'actions associé, du manque de cohérence entre les objectifs affichés et l'évolution des moyens, ainsi que d'une insuffisante mobilisation interministérielle", déplorent les rapporteurs.
Un nouveau plan en la matière doit donc "permettre à notre pays de continuer à jouer un rôle de leader en Europe pour une meilleure prise en compte de la perturbation endocrinienne dans l'ensemble des réglementations".
Le gouvernement est appelé à se montrer "volontariste" et à mettre sur pied un "plan d'action" assortis de "moyens adaptés".
Il convient en particulier, toujours selon les auteurs, de développer la recherche, de "renforcer la surveillance sanitaire et environnementale", de "parvenir à une définition réglementaire des perturbateurs endocriniens et de faire évoluer la réglementation européenne.
Les rapporteurs recommandent également au gouvernement de mettre l'accent sur l'information des consommateurs.
Dans un communiqué commun, six ministres (Transition écologique, Santé, Agriculture, Enseignement supérieur et Recherche, Travail, Economie et Finances) ont salué le rapport qui servira, selon eux, de base à la construction dans les mois qui viennent d'une nouvelle stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens.
Le Groupe national santé environnement se réunira à ces fins le 13 février en présence du ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot et un groupe de travail spécifique se réunira à partir de début mars "dans l’objectif d’adopter la nouvelle stratégie d’ici la fin de l’été 2018", lit-on dans le texte.
(Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)