PARIS (Reuters) - Le gouvernement s'est voulu rassurant mardi sur les moyens engagés pour permettre à l'Agence française anticorruption (Afa) de remplir ses missions, tout en écartant dans l'immédiat les évolutions législatives réclamées par son directeur.
Le directeur de l'Afa, Charles Duchaîne, a plaidé dans une interview accordée la semaine dernière à Reuters pour un renforcement des moyens consacrés à la lutte contre la délinquance économique et financière et une évolution de la législation.
"Ne vous inquiétez pas, les moyens seront au rendez-vous", a déclaré le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin lors d'un discours en ouverture d'une conférence organisée à l'Afa.
Déterminé à ce que l'Afa soit dotée des moyens prévus par les parlementaires lors du vote de la loi l'ayant mise sur pied, il s'est cependant montré plus réservé sur de nouvelles évolutions législatives.
Alors que l'agence a effectué ses premiers contrôles la semaine dernière, Gérald Darmanin estime qu'un changement de la loi ne peut pas être envisagé avant de faire un bilan des premières actions de l'Afa.
"Je pense que c'est après évaluation que l'on peut effectivement regarder s'il faut des moyens supplémentaires et s'il y a des évolutions législatives nécessaires", a-t-il déclaré en ajoutant qu'"il est important d'abord que l'agence commence son travail, ce qu'elle a déjà fait."
La ministre de la Justice Nicole Belloubet, présente à ses côtés, a abondé dans son sens.
"On ne peut pas réécrire une loi tous les matins, mais il n'est pas du tout inenvisageable qu'un bilan de ces textes puisse être effectué le moment venu pour y apporter des compléments d'orientation nécessaire lorsque ça sera indispensable", a-t-elle dit.
Pour la ministre de la justice, l'action de l'Afa, en collaboration avec l'autorité judiciaire, "pourra permettre à court terme de hisser notre pays au niveau des meilleurs standards européens et internationaux en matière de lutte contre la corruption".
Nicole Belloubet a mis en parallèle cette évolution avec le renforcement de la lutte contre une autre forme de criminalité financière, la fraude fiscale et le blanchiment de fraude fiscale, qui devrait faire l'objet d'un plan interministériel en début d'année.
Autorité administrative indépendante créée par la loi dite "Sapin II" du 9 décembre 2016, l'Afa compte à l'heure actuelle une cinquantaine d'agents - sur les 70 prévus à terme - et a déjà lancé huit recrutements.
(Myriam Rivet, édité par Yves Clarisse)