PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron a franchi un nouveau seuil jeudi soir dans son offensive contre le Front national en accusant le parti de son adversaire pour l'élection présidentielle, Marine Le Pen, d'être l'héritier de l'OAS qui tenta d'assassiner le général de Gaulle.
L'ex-ministre de l'Economie, favori pour le second tour du 7 mai, était l'invité de TF1 (PA:TFFP), alors que Marine Le Pen tenait meeting à Nice, où elle l'a notamment accusé d'être le candidat de la "submersion migratoire".
Dans l'après-midi, le candidat d'En Marche !, en visite dans un quartier populaire de Sarcelles (Val d'Oise), près de Paris, avait accusé le FN d'être un parti "xénophobe".
"Mme Le Pen défend les couleurs d'un parti qui a conduit des attentats contre le général de Gaulle, qui a encore les enfants de ces protagonistes dans ses rangs, qui s'est construit sur l'anti-gaullisme et contre la République française", a déclaré Emmanuel Macron sur TFI.
Un signal adressé à tout un pan du parti Les Républicains (LR), qui se réclame du fondateur de la Ve République.
Il faisait en fait allusion à l'Organisation de l'armée secrète (OAS), un groupe extrémiste qui a défendu la présence de la France en Algérie par des moyens violents pendant la guerre d'indépendance algérienne.
L'OAS a notamment tenté d'assassiner le général de Gaulle dans l'attentat dit du "Petit Clamart". Emmanuel Macron a dit que le fils du commanditaire de cet attentat était un opposant FN au président LR de la région PACA, Christian Estrosi.
Prié de dire s'il reconnaissait, malgré son opposition radicale aux idées de Marine le Pen, une qualité à son adversaire, il a répondu la "détermination".
"Je combat à peu près tout de ses idées, de ses valeurs, de ses principes, mais elle est déterminée", a-t-il dit. "Elle n'a pas compris que je l'étais plus qu'elle."
Il a appelé ceux, parmi les dirigeants et électeurs de droite et de gauche, notamment à LR et dans l'électorat de l'ex-candidat de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui le renvoient dos-à-dos avec Marine Le Pen, à voter pour lui.
WHIRLPOOL
"Ne pas se positionner, c'est décider d'aider Mme Le Pen, c'est décider de renforcer un projet qui est un projet de sortie de l'Europe, de l'euro, de la République et de ses valeurs (...) et donc c'est une sortie de l'histoire de la France."
"C'est trop facile d'avoir fait des leçons de morale pendant longtemps et vouloir s'en affranchir", a-t-il ajouté, notamment à destination de la gauche de la gauche.
"Je ne prendrai pas ce vote comme un chèque en blanc. Par contre, j'ai besoin demain d'avoir le maximum de force pour aller au bout de la refondation de notre vie politique", a fait valoir le candidat d'En Marche !
Prié de dire s'il nommerait un Premier ministre de droite ou de gauche s'il est élu, il a répondu : "Je ne prendrai personne selon ces critères (...) parce que ces critères ont vécu."
Ce Premier ministre sera nommé "selon des critères de compétence, d'adhésion au projet (présidentiel), de cohérence et de capacité à diriger" une majorité qui ne sera elle-même ni de droite, ni de gauche, ni le fruit d'une coalition, a-t-il dit.
Il est revenu sur la visite mouvementé qu'il a faite mercredi à l'usine Whirlpool d'Amiens, menacée de délocalisation en Pologne, usine où Marine Le Pen avait fait juste avant une visite surprise et très médiatisée.
"Whirlpool est un groupe qui se porte bien, qui a distribué des dividendes généreux. La responsabilité de l'Etat c'est de ne pas homologuer, et j'ai pris cet engagement hier, un plan social qui ne serait pas à la hauteur des attentes légitimes des salariés", a-t-il dit. "Ils ont en moyenne 25 ans d'expérience, ils doivent avoir des indemnisations en conséquence."
"Je me battrai pour qu'il y ait une reprise du site industriel de Whirlpool", a ajouté l'ex-ministre de l'Economie.
Il a également dit vouloir convaincre, dès le début de son quinquennat, les partenaires européens de la France d'adopter une "vraie politique anti-dumping" face aux "attaques de la Chine en matière industrielle".
Emmanuel Macron a enfin dit que, s'il était élu, son premier contact à l'étranger serait pour la chancelière allemande Angela Merkel mais que son premier déplacement hors hexagone serait auprès des soldats français en opération extérieure.
(Emmanuel Jarry, édité par Benoît Van Overstraeten)