PARIS (Reuters) - "On sera là" : une semaine après les inondations meurtrières qui ont frappé le département de l'Aude, Emmanuel Macron s'est rendu lundi auprès des familles des victimes et des sinistrés auxquels il a promis le déblocage d'un fonds d'au moins 80 millions d'euros et une accélération des procédures.
L'état de catastrophe naturelle, qui doit permettre une indemnisation rapide par les assureurs, a été reconnu par décret jeudi dernier dans 126 communes du département, où de fortes intempéries ont fait 14 morts et 70 blessés dans la nuit du 14 au 15 octobre.
Les eaux, proches du niveau historique de 1891, ont laissé derrière elles des paysages désolés et rendu impraticables routes et réseau ferré, notamment dans les communes de Trèbes, Villegailhenc, Villardonnel et Floure, au nord de Carcassonne. Les dégâts matériels ont été chiffrés à environ 200 millions d'euros.
"On va aider pour qu'on répare au plus vite, ne vous inquiétez pas", a dit le chef de l'Etat lors d'un échange avec des habitants à Villalier après avoir rencontré - hors presse - les familles des victimes et les maires de communes concernées. "On sera là, je vous le promets, il faut que ça aille vite, pour aider avec les assurances, on va accélérer."
"On va vous laisser le temps pour que vous puissiez faire toutes les déclarations mais on sera là", a-t-il poursuivi, face à des habitants parfois en larmes.
"SOLIDARITÉ EXCEPTIONNELLE"
Quelques heures plus tard, à Trèbes, où six personnes sont mortes dans les crues, le chef de l'Etat a rendu hommage aux services de secours, "à la solidarité exceptionnelle" qui a permis "de sauver tant de vies" et a répondu aux critiques.
"Je sais que beaucoup est attendu de l'Etat et c'est légitime dans un moment tel que celui-ci", a-t-il dit.
La liste des communes placées en état de catastrophe naturelle "n'est pas définitive et les nouvelles demandes qui seront formulées dans les prochains jours seront traitées dans le cadre d'une procédure accélérée", a précisé Emmanuel Macron. La commission "catastrophe naturelle" se réunira la semaine prochaine pour ajouter les communes qui en font la demande.
La Fédération française des sociétés d'assurance a quant à elle "pris l'engagement de ne pas exiger le paiement des franchises et de porter de 10 à 30 jours le délai de dépôt de dossier et de mobiliser tous les experts nécessaires", a poursuivi le chef de l'Etat.
Concernant les secours aux personnes, le fonds de secours d'aide d'extrême urgence, qui prévoit une aide de 500 euros par adulte et 200 euros par enfant, a été débloqué et continuera à fonctionner tant que nécessaire.
Les frais engagés par les communes pour l'hébergement des habitants sinistrés seront pour leur part remboursés à 100% par l'Etat - une dérogation à la règle de participation minimale de la commune, du département ou de la région normalement de 20%, a souligné Emmanuel Macron.
"Pour que les choses aillent vite, j'ai souhaité que nous puissions mettre en place un fonds de roulement" d'au moins "80 millions d'euros" qui sera géré directement par le préfet et mis en place "dans les prochains jours", a-t-il ajouté.
Au-delà de la gestion de crise immédiate, le gouvernement va proposer "dès cette année en loi de finances de doubler le taux de subventions apportées par le fonds Barnier pour financer les travaux de mise en sécurité de bâtiments en zones inondables".
Le dispositif pluies intenses sera renforcé afin que les alertes puissent être déclenchées de manière plus fine, a souligné le chef de l'Etat, une réponse aux critiques émises après les inondations par des habitants qui s'étaient plaints de ne pas avoir reçu d'alerte rouge avant la nuit de la crue.
(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)